Ces dernières années, l’intérêt pour le cannabidiol, plus connu sous le nom de CBD, s’est considérablement accru, d’autant qu’il est autorisé en France depuis 2018, à condition que son taux de THC (tétrahydrocannabinol) résiduel soit inférieur à 0,3%. De même, un décret de 2022 permet aux agriculteurs de cultiver certaines variétés de chanvre CBD.

Actuellement, la recherche sur le CBD thérapeutique n’en est qu’à ses débuts, tant en médecine humaine qu’en médecine vétérinaire. Et comme l’on trouve du CBD en vente libre sur internet, il est tentant de l’essayer sur son animal, puisque l’on dit qu’il a des propriétés relaxantes, mais en plus qu’il calme anxiété, douleur, épilepsie, arthrite, etc...

Toutefois, il faut savoir qu’aucune autorité sanitaire n’a approuvé l’usage thérapeutique du CBD chez le chien ou le chat.

Faisons donc un petit point sur les connaissances sur ce sujet, ainsi que sur l’intérêt ou non d’utiliser le CBD pour soigner nos compagnons chiens et chats.

Qu'est ce que le CBD ?

Le CBD (cannabidiol) est un composé chimique que l’on trouve naturellement dans le cannabis. Mais contrairement au THC (tétrahydrocannabinol), le CBD n’a pas d’effet psychoactif, ne fait pas « planer », et n’entraîne aucune dépendance.

Il est bon de rappeler en revanche que le cannabis (que ce soit sous forme de feuilles, de boulettes, ou dérivés divers) - s’il est ingéré par les animaux domestiques - représente un risque toxique certain, lié à la présence de THC, ainsi qu’à des produits qui servent à « couper »  la drogue.

Comment agit le CBD ?

De nombreuses études ont été menées pour tenter de comprendre son mécanisme d’action ; chez l’homme, mais aussi chez tous les vertébrés et de nombreux invertébrés, il existe un système interne de communication, à base de messagers chimiques que l’on appelle cannabinoïdes, produits par l’organisme lui-même. Ces messagers chimiques interagissent avec des récepteurs spécifiques que l’on retrouve dans de nombreux organes, comme le cerveau, les os, les muscles, les poumons, le système immunitaire, les os, etc. Cet ensemble (messagers chimiques et récepteurs) constitue le Système Endo Cannabinoïde (ou SEC), dont le rôle est de réguler des fonctions de base de l’organisme (sommeil, température corporelle, appétit, mémoire, facultés d’apprentissage), mais aussi d’agir sur l’inflammation et la douleur.

Le CBD agirait donc en mimant les endocannabinoïdes, et aiderait à réguler les fonctions concernées ; c’est l’hypothèse qui à ce jour est avancée pour expliquer son action antalgique et anti-inflammatoire, ainsi que son action apaisante sur l’anxiété et la dépression. Toutefois, des études sont encore en cours pour préciser le(s) mode(s) d’action du CBD.

Dans quelles indications le CBD présente-t-il un intéret pour les animaux ?

Même si des publications sur l’utilisation du CBD en médecine vétérinaire se font plus nombreuses, les usages les plus connus de cette molécule chez les animaux de compagnie sont pour l’instant essentiellement extrapolés de la médecine humaine.

Les principaux champs d’application pour le CBD sont d’une part la prise en charge des douleurs chroniques (notamment la douleur arthrosique) et l’amélioration de la qualité de vie (animaux atteints de cancer), d’autre part certains domaines de la neurologie (épilepsie, troubles anxieux, troubles du sommeil, hyperactivité, agressivité, syndrome confusionnel sénile, etc.).

Quelle utilisation en pratique vétérinaire ? Quelles quantités ? Quelle présentation ?

Des études rigoureuses sont encore nécessaires, mais des retours d’expérience plutôt positifs permettent de mieux cerner les utilisations potentielles du CBD en médecine vétérinaire, et donnent des indications sur les dosages et les présentations qu’il est possible d’utiliser.

Le CBD peut s’utiliser seul ou en complément d’un traitement allopathique. Il n’existe pas de dosage précis recommandé, tout dépend du patient, de sa réaction, de sa pathologie ; en effet chaque individu ayant son propre système endocannabinoïde, le dosage le plus adapté pour un animal donné ne peut être trouvé que par tâtonnements, et peut être très différent du dosage d’un animal comparable en taille et en poids. Pas question de jouer aux apprentis sorciers, mais plutôt d’en discuter avec le vétérinaire traitant, qui connaît l’animal. S’il est d’accord pour mettre en place un tel traitement, un suivi régulier - de façon à ajuster la dose en fonction des réactions du patient et de l’effet de soulagement obtenu s’il s’agit de douleurs chroniques - sera indispensable.

Les études réalisées en médecine vétérinaire n’ont montré jusqu’ici aucune interaction médicamenteuse significative dans un contexte clinique en cas d’utilisation concomitante avec des anti-inflammatoires ou des antiépileptiques par exemple. Quelques diarrhées transitoires ont parfois été observées.

La forme galénique en huile semble particulièrement adaptée aux animaux, pour une administration trans-mucosale (à travers la muqueuse buccale en général), et les effets apparaissent le plus souvent en 24 à 48h. Le vétérinaire pourra commencer à faible dose, la plupart du temps en deux administrations quotidiennes, et augmentera progressivement en fonction des effets obtenus.

 

Si sur le papier, et à travers certains retours d’expérience, le CBD semble présenter un grand intérêt pour le traitement de nombreuses pathologies chez l’homme et l’animal, les études n’en sont qu’à leurs débuts. Il convient donc de rester prudent, de prendre l’avis du vétérinaire traitant, et de se méfier des sites qui fleurissent pour la vente en ligne des produits à base de CBD. Bien vérifier l’origine des produits (car il n’existe aucune réglementation sur le sujet), et commencer par de faibles dosages, en accord et collaboration avec le praticien, pour le bien-être et la santé de votre compagnon.