Crédit à l'auteur: Iamlilbub [CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons

Le chat est un des mammifères domestiques qui a le moins de dents (30) ; tout comme les autres animaux et l’homme, il a des dents de lait qui tombent entre l’âge de 4 et 6 mois.

 

Le chat se sert de sa bouche non seulement pour manger, mais aussi pour chasser et faire sa toilette.

 

 

Signes d’alerte


Un chat qui souffre d’une affection bucco-dentaire ne mange plus ou peu, présente une dysphagie (difficulté à l'ingestion des aliments et/ou régurgitations associées). Souvent, il a une mauvaise haleine. Il peut être abattu, amaigri, avoir un aspect négligé (ne parvient plus à faire correctement sa toilette). Si l’affection est douloureuse, il peut se montrer irritable, voire agressif, sans raison particulière.


A l’examen, si l’animal se laisse manipuler, on observe une inflammation (rougeur), associée à de la douleur, et parfois des saignements. Souvent aussi, on observe une hypersalivation. Des ulcères (parfois très impressionnants) peuvent apparaître, surtout sur la langue.

 


Diagnostic


S’il est facile de reconnaître une gingivite ou une gingivo-stomatite, il est par contre beaucoup plus difficile d'en trouver la cause.


Au-delà de l’origine la plus fréquente (plaque dentaire et tartre), il peut y avoir des causes infectieuses, notamment virales (calicivirus, herpèsvirus), que l’on peut rechercher en cas de récidive ou d’échec du traitement de base : on réalise un écouvillonnage des lésions ulcéreuses, et on recherche les virus cités. Il peut aussi être intéressant de faire une sérologie FIV et FeLV. En cas de suspicion de cancer, on peut pratiquer une biopsie de la lésion (les tumeurs les plus fréquentes sont le carcinome épidermoïde et le fibrosarcome). On peut enfin signaler que certaines races (notamment les Abyssins) sont génétiquement prédisposées aux gingivo-stomatites récidivantes et récalcitrantes à tout traitement.

 


Traitement

 

La première chose à faire, étant donné que la cause première d'inflammation buccale est une réaction à la plaque dentaire, est un détartrage des dents. Il s’agit d’une petite intervention, néanmoins pratiquée sous anesthésie générale, et effectuée avec quasiment les mêmes instruments qu’en dentisterie humaine (appareil à ultra-sons). Le détartrage est aussi l’occasion d’examiner plus attentivement la cavité buccale, de voir s’il y a des dents abîmées, et le cas échéant, de les extraire. Contrairement à l’homme, le chat n’a pas de caries, mais là où l’émail disparaît (au niveau de la jonction couronne/racine = collet), la dent se gâte, se creuse et finit par casser, laissant la racine à nu. On ne peut alors pas réparer la dent, et on doit l’enlever. 50 à 80% des chats présentent de telles lésions. 


On peut aussi retrouver des abcès de la carnassière supérieure (=croc) : le chat a la joue enflée du côté atteint, et refuse de manger. Le traitement consiste en l’extraction de la dent concernée, et en un traitement antibiotique.

 

Par la suite, il faut essayer de ralentir au maximum la réapparition du tartre, par une alimentation adaptée (croquettes, plutôt qu’aliments humides qui collent aux dents et favorisent la formation de la plaque dentaire) et quelques gestes d'hygiène bucco-dentaire (brossage par exemple, si le chat se laisse faire).


Dans certains cas de gingivo-stomatite récidivante ou chronique, une solution radicale et définitive (controversée) consiste à retirer toutes les dents en regard d'une inflammation sévère de la gencive, ainsi que celles pour lesquelles on observe un déchaussement ou une résorption odontoclastique : on commence par les molaires et prémolaires, et on essaie de conserver les crocs. On obtient d’assez bons résultats chez 80% des chats. Un traitement antibiotique est préconisé, parfois associé à un traitement anti-inflammatoire simple (AINS) si l’état des reins de l’animal le permet. Si l'inflammation ne diminue pas, on peut éventuellement envisager les corticoïdes.


En cas de calicivirose ou si l'on est face à une gingivo-stomatite ne répondant ni au traitement médical classique ni aux extractions dentaires (possible origine auto-immune ?), un traitement par interféron peut être tenté.


En pratique

Inspectez régulièrement, ou faites examiner par votre vétérinaire l’état des dents de votre chat, lors des examens de routine ou des consultations vaccinales, même s’il n’est pas toujours facile de faire ouvrir la gueule d’un chat stressé ! Habituez votre animal aux croquettes qui, par action mécanique de frottement sur les dents, font diminuer la plaque dentaire. Ne différez pas les détartrages, afin d’éviter l’apparition d’une maladie parodontale irréversible, au détriment du bien-être et de la santé de votre animal.