La France, qui a acquis un statut indemne de rage en 2001, est cependant régulièrement confrontée à des cas isolés de rage importée, suite à des introductions d’animaux qui ne présentent pas les garanties exigées par la réglementation. C’est d’ailleurs un de ces cas qui a fait parler de la rage fin octobre : un chien Husky, de provenance inconnue (Maroc ?), et placé dans un refuge d’Évry-Courcouronnes (Essonne) a présenté des symptômes inhabituels après notamment avoir mordu plusieurs personnes. Les vétérinaires ont joué leur rôle de sentinelles, et à la mort du chien, ils ont demandé l’expertise de l’Institut Pasteur, qui a révélé que l’animal était bien mort de la rage. Les personnes mordues ont pu être prises en charge à l’Institut Pasteur et recevoir un sérum antirabique.

Qu'est ce que la rage ?


Il s’agit d’une maladie virale mondialement répandue (sauf sur le continent océanique), qui touche tous les mammifères, qui est transmissible à l’homme (zoonose) et qui est toujours mortelle une fois les symptômes déclarés. On estime que la rage tue une personne toutes les 10 minutes dans le monde !

Comment attrape-t'on la rage ?


Le virus est fortement concentré dans la salive des animaux qui en sont porteurs ; aussi la transmission de la maladie se fait-elle essentiellement par morsure d’un animal porteur, et cela même avant que n’apparaissent les premiers signes de la maladie. C’est pourquoi toute morsure doit être prise au sérieux, même si l’animal semble sain. Les griffures et le léchage d’une peau lésée ou de muqueuses présentent également des risques de contamination.

Quels sont les symptomes de la rage chez les chiens/chats ?

Lorsqu’un animal est mordu par un autre animal porteur du virus rabique, le virus pénètre dans l’organisme par la peau. Puis, en empruntant les nerfs, il chemine jusqu’au cerveau et s’y multiplie ; il se retrouve également fortement concentré dans les glandes salivaires, puis dans tous les autres tissus.

La durée d’incubation de la maladie (= temps qui s’écoule entre la contamination par morsure/griffure/léchage et les premiers symptômes) varie de 15 à 30 jours chez le chat, 15 à 60 jours chez le chien.

  • Chez le chien

Compte-tenu de la localisation du virus, les symptômes sont essentiellement nerveux : changement du comportement (nervosité, peur, agressivité), problèmes de déglutition, salivation, modification de la voix, paralysies, démangeaisons... Toutefois, les signes cliniques peuvent être très variés : « tout est rage et rien n’est rage ».

  • Chez le chat

Il existe deux formes différentes d’expression de la maladie :

  • La forme « furieuse » (20% des cas), au cours de laquelle l’animal change brusquement de comportement ; il devient agressif s’il était gentil auparavant, ou à l’inverse, il peut devenir câlin s’il était plutôt indifférent. Généralement, le chat est excité, il est très sensible à toute stimulation (tactile, auditive, etc.) et peut devenir peureux et/ou agressif. Souvent, les déplacements deviennent difficiles et une paralysie s’installe progressivement. Le chat meurt en quelques jours après le début des symptômes (4 à 5 jours).
  • La forme paralytique ou « muette » (80% des cas) est beaucoup moins caractéristique : le chat présente une paralysie des muscles de la mâchoire, et a donc du mal à ouvrir la gueule ; il salive abondamment et ne peut pas se nourrir. La mort survient rapidement en quelques jours.

En cas de doute, n’hésitez pas à consulter votre vétérinaire qui la plupart du temps vous rassurera car de nombreuses autres maladies peuvent correspondre à ces symptômes...

Dans tous les cas de rage, la mort est inéluctable et il n’existe aucun traitement efficace.

Comment établit-on un diagnostic de rage ?

Le diagnostic repose sur l’évolution des symptômes nerveux. C’est la raison pour laquelle il est strictement interdit d’euthanasier un animal qui a mordu un être humain avant un délai de 15 jours. Garder l’animal en observation est le seul moyen permettant de savoir s’il est vraiment atteint de rage et s’il a pu transmettre la maladie.

Le diagnostic final, après la mort de l’animal, doit obligatoirement être confirmé par l’examen microscopique de coupes du cerveau, et par inoculation à des cultures cellulaires dans des laboratoires habilités. C’est pourquoi il sera nécessaire de prélever la tête d’un animal mort avec des signes faisant penser à la rage.

Que faire si l'on est mordu ou griffé par un animal domestique ou sauvage ?

La première chose à faire est de laver longuement la plaie (au moins 5 minutes) avec de l’eau et du savon, car le virus y est assez sensible. Compte tenu du contexte, l’animal mordeur pourra être mis sous surveillance (voir ci-dessous). S’il s’agit d’un animal sauvage ou errant, un médecin d’un institut antirabique pourra préconiser une injection de sérum antirabique s’il y a le moindre doute.

Pour les personnes de populations à risque (vétérinaires, techniciens de laboratoires spécialisés, garde-chasse, etc.), une vaccination est fortement conseillée.

Quelle prévention pour les animaux domestiques ?

Chez les chiens, les chats, mais aussi les chevaux, etc.,  la vaccination est le moyen le plus sûr de prévenir la rage ; elle peut être réalisée à partir de l’âge de 12 semaines.

Un titrage des anticorps antirabiques permet de s’assurer que l’organisme est effectivement protégé.

Quelle est la législation de la rage en France

 

Étant donné la gravité de la maladie et sa transmission possible à l’homme, une législation stricte est appliquée, et vétérinaires habilités, ainsi que DDPP (Directions Départementales de Protection des Populations) y sont directement impliqués.

Ainsi, l’identification et la vaccination sont obligatoires pour :

  • Se rendre à l’étranger (les prérequis sont variables selon les pays de destination, mais il est possible de se renseigner sur le site https://www.anivetvoyage.com/)
  • Introduire ou réintroduire en France tout carnivore domestique en provenance de l’étranger.
  • Les chiens concernés par la loi sur les chiens dangereux.

Dans  la mesure où la France est officiellement indemne de rage, la vaccination antirabique peut cependant être demandée dans les pensions, chenils, campings, selon les choix des gérants.

 

Légalement, il n’est possible de vacciner contre la rage que les animaux âgés de plus de 12 semaines. Après la primovaccination, le certificat n’est valable qu’après 21 jours (durée estimée pour que les anticorps protecteurs apparaissent). Le premier rappel se fait un an au plus après la première injection, puis les rappels suivants seront espacés de un à trois ans (selon les vaccins). Toutefois, il est impératif de respecter le protocole, et tout dépassement du délai conduira à refaire un protocole de primovaccination (vaccination valable après 21 jours). 

Par ailleurs l’animal doit au préalable avoir été identifié par une puce électronique implantée par le vétérinaire, et identification et vaccinations doivent figurer dans le passeport de l’animal.

La surveillance des animaux mordeurs 

 

Tout animal ayant mordu ou griffé une personne doit être mis sous surveillance « animal mordeur ».

L’objectif est de s’assurer que dans les 15 jours qui suivent la morsure / griffure, l’animal ne présente pas de symptômes de rage, car on sait que la transmission du virus par la salive commence au plus tôt 15 jours avant l’expression des premiers signes de maladie.

Cette surveillance se fait chez un vétérinaire, aux frais du propriétaire de l’animal ou de son détenteur ; s’il n’y a pas de propriétaire connu, c’est la mairie qui prend en charge par l’intermédiaire d’une fourrière. Il y a 3 visites obligatoires : la première le plus tôt possible après la morsure (< 24h), la deuxième 7 jours après la morsure, la 3e, 15 jours après. Il s’agit d’une obligation légale mettant en jeu la responsabilité pénale du propriétaire (passible d’amendes ou de peines de prison), qui est tenu de présenter son animal aux rendez-vous établis et de déclarer le plus rapidement possible au vétérinaire et aux autorités publiques tout évènement notable (apparition de symptômes, mort – même accidentelle -, fugue, etc.). En aucun cas, il ne peut se séparer de l’animal sans autorisation du DDPP.

Après chaque visite, le vétérinaire remet au propriétaire un certificat en 3 exemplaires, attestant qu’aucun signe de rage n’a été observé : un pour la personne mordue (ou propriétaire de l’animal mordu), un pour lui-même et un pour les services de police. Un exemplaire est conservé par le vétérinaire, et un autre est transmis par ses soins à la DDPP.

 

Suite aux visites :

  • Si l’animal mordeur est en vie et ne présente aucun symptôme, alors il n’a pas pu transmettre la rage par la morsure. La procédure prend fin, et la personne mordue peut se rassurer.
  • Si l’animal mordeur présente des signes compatibles avec la rage, ou meurt durant les deux semaines, le médecin du centre antirabique pourra prendre la décision de faire un sérum antirabique à la personne mordue. Et si l’animal meurt, une autopsie aura lieu, avec envoi de prélèvement dans un laboratoire habilité pour confirmation ou pas du diagnostic de rage.

 

Il est donc important d’être vigilant et de respecter la législation vis-à-vis de la rage. C’est à ces conditions que l’on pourra protéger les humains de cette maladie mortelle à 100%.