Prise de sang chien

Le diabète sucré du chien et du chat est en constante augmentation, touche essentiellement des animaux de plus de 6 ans, et atteint en moyenne 1 chien sur 200 et 1 chat sur 300. Le diagnostic est relativement facile à poser, mais le traitement s’effectue sur le long terme, et repose sur un suivi régulier et surtout sur l’implication et la motivation du propriétaire.

Le diabète sucré est une affection endocrinienne grave qui se caractérise par une augmentation anormale et persistante du taux de glucose sanguin (= glycémie). La régulation de la glycémie s’effectue grâce à l’insuline, hormone hypoglycémiante produite par le pancréas. L’insuline stimule l’absorption du glucose sanguin par les cellules. Un défaut de sécrétion d’insuline, et/ou une résistance à son activité entraînent une élévation de la glycémie.

 

Quels sont les signes évocateurs du diabète ?

 

Les deux signes les plus fréquemment observés, et les plus précoces sont :

- Une augmentation de la prise de boisson, et de l’élimination urinaire (= polyuro-polydipsie) : la présence de sucre dans les urines (glycosurie) entraîne une augmentation de la diurèse, donc l’animal urine fréquemment. Par compensation, il boit aussi beaucoup (polydipsie).

- Un amaigrissement progressif : au tout début, l’appétit est augmenté, mais l’animal perd du poids ; après un certain temps d’évolution, l’appétit diminue.

 

D’autres signes sont également courants, mais inégalement observés :

 

- Infections urinaires à répétition (favorisées par la glycosurie)

- Fatigue, augmentation du temps de sommeil, diminution d’activité

- Possibilité d’apparition brutale et rapide d’une cataracte bilatérale

- Parfois démarche plantigrade (atteinte des nerfs moteurs)

 

À retenir : les signaux d’alerte

- Augmentation de la prise de boisson / de la fréquence des urines

- Fatigur, diminution d'activité

- Amaigrissement progresssif, malgré un appétit conservé au début, voire augmenté

 

Comment être sûr que c’est un diabète ?

 

Le diagnostic se fait d’abord par un examen clinique complet, qui permet de vérifier s’il existe d’autres pathologies (et de les écarter le cas échéant), mais aussi grâce à une analyse d’urine, et un examen de sang complet (Numération Formule Sanguine [NFS] et biochimie).

 

On recherche une hyperglycémie à jeun.

 

                Chez le chien, on considère qu’il y a hyperglycémie lorsque la glycémie est >1,5 g/L. La glycosurie est décelable lorsque la glycémie est >1,8 g/L. Toute glycosurie ne signifie pas diabète, mais un chien diabétique présente la plupart du temps une glycosurie.

 

Un autre paramètre, la fructosamine sanguine (dont la concentration dépend de la glycémie moyenne des 10 derniers jours) s’avère plus fiable, notamment chez les animaux très stressés (les chats par exemple), ou ceux traités par des progestagènes ou des corticoïdes. Pour confirmer une hyperglycémie permanente, il est possible d’associer le dosage de la fructosamine avec celui de l’hémoglobine ou de l’albumine glycosylée, comme chez l’homme.

 

Pour sa prise de sang, l’animal devra être à jeun d’au moins 12 heures. Mais le vétérinaire peut parfois demander au propriétaire de rechercher la présence de sucre dans les urines (glycosurie) à l’aide de bandelettes dont il expliquera le fonctionnement et la lecture. Dans ce cas, il faudra bien noter les horaires et résultats observés sur la bandelette.

 

Comment prend-on en charge le diabète chez le chien ?

 

Une fois le diagnostic de diabète établi, le vétérinaire va mettre en place un traitement de cette maladie chronique, ainsi que le suivi régulier de l’animal. La coopération du propriétaire et son implication sont indispensables !

Le diabète a des conséquences délétères à plus ou moins court terme : insuffisance rénale, cataracte, fragilité aux infections, etc. Sans compter le risque de coma acidocétosique, lié à la production en excès de corps cétoniques lorsque le diabète n’est pas traité.

L’insulinothérapie est donc le traitement de choix du diabète, mais devra être associée à des conseils diététiques et hygiéniques.

 

- Alimentation et hygiène de vie

 

Il va souvent être nécessaire de changer certaines habitudes, et cela prendra certainement un peu de temps. Mais le traitement est un tout, et il ne faut négliger aucun aspect.

                Concernant l’alimentation, le régime devra être suivi scrupuleusement : régime comportant protéines de bonne qualité et lipides, mais à teneur réduite en glucides (surtout en glucides rapides). On privilégiera la présence de fibres, qui permettent de ralentir l’absorption des lipides au niveau intestinal, et donc de diminuer le pic glycémique après-repas. Comme il est compliqué de préparer chaque jour la ration d’un animal diabétique, il existe des aliments diététiques humides ou secs spécialement formulés pour cette affection. On pourra adopter un régime mixte (aliments diététiques/ration ménagère), mais sous contrôle du vétérinaire. Mais surtout, aucune friandise ni aucun extra ne devra être distribué à l’animal !

                L’activité physique fait naturellement baisser la glycémie, et est donc intéressante, à condition que l’exercice soit régulier et modéré (pas d’efforts intenses). De même, l’idéal est d’éviter de pratiquer l’exercice au moment du pic d’activité de l’insuline, s’il y a risque d’hypoglycémie. C’est le vétérinaire qui précisera les périodes propices en fonction de la courbe de glycémie.

 

- Médicaments : est-ce indispensable de commencer par des injections d’insuline? Ne peut-on donner des médicaments en comprimés comme chez l’homme ?

 

Il n’existe pas d’insuline s’administrant oralement. Les médicaments hypoglycémiants oraux utilisés en médecine humaine sont inefficaces chez le chien, et décevants chez le chat. Le traitement de base repose donc sur l’insuline injectable. Selon l’espèce, l’individu, et l’insuline utilisée, le rythme d’administration pourra varier. En pratique, chez le chat qui métabolise rapidement l’insuline, deux injections quotidiennes espacées de 12 heures sont indispensables. Chez le chien, cela va dépendre de la courbe de glycémie qui sera faite lors de l’hospitalisation ; en fonction des cas, une ou deux injections par jour seront nécessaires. L’insuline employée en médecine humaine peut être rapide, lente ou ultra-lente. En médecine vétérinaire, il en existe une seule, d’origine porcine, dite intermédiaire (35 % d’action rapide, 65 % forme cristalline d’action lente).

 

- Comment injecter l’insuline ?

 

Pas de panique ! Le vétérinaire va expliquer le traitement, et en cas de nécessité, l’ASV peut réexpliquer, ou même aider si besoin à faire les premières injections sous surveillance. Ce sont les premiers pas qui coûtent, et la plupart du temps, cela devient rapidement une routine. 

Tout d’abord, les injections doivent  se faire à heure fixe, par voie sous-cutanée, à l’aide d’une seringue à insuline à usage unique graduée en UI ou d’un stylo injecteur (VetPen®). Le flacon d’insuline et le stylo doivent être agités avant l’emploi. Les injections sous-cutanées doivent être faites dans les zones indiquées par le vétérinaire, en alternant si possible les côtés droit et gauche pour éviter les réactions locales au point d’injection.

 

- Comment est-on sûr que le traitement fonctionne, qu’il s’agit de la bonne dose ?

 

Il est possible de vérifier l’efficacité de l’insulinothérapie, et de corriger le dosage le cas échéant.

 

Une courbe de contrôle de glycémie se réalise soit au cours d’une hospitalisation d’une journée, soit à domicile (c’est parfois ce qui est proposé aux propriétaires de chats, pour limiter le stress de l’animal et donc l’hyperglycémie réactionnelle). L’animal reçoit son injection d’insuline du matin si possible par le propriétaire (on vérifie ainsi la technique). Puis des prélèvements sanguins sont réalisés à intervalles réguliers, avec dosage de la glycémie (à domicile, le propriétaire prélève aux moments prescrits une goutte de sang sur le pavillon auriculaire et mesure le taux au glucomètre). Les résultats sont notés, et une courbe peut être établie, permettant de voir les fluctuations de la glycémie dans la journée et éventuellement d’adapter la dose et/ou la fréquence des administrations.

 

- Que faut-il surveiller chez un animal diabétique sous traitement insulinique ? Risques d’hyper ou d’hypoglycémie...

 

Si le traitement fonctionne, les premiers signes seront rapidement visibles : baisse de la prise de boisson et du nombre de mictions, appétit normal, meilleure forme. Il est important de peser le chien/chat chaque semaine, et de consulter en cas de « décrochage » de la courbe de poids.

Il faut également surveiller l’animal dans les heures qui suivent l’injection d’insuline : si la dose est supérieure aux besoins, l’animal peut faire une hypoglycémie : agitation, regard anxieux, démarche chancelante, perte d’équilibre, tremblements, fatigue inhabituelle sont des signes d’alerte qui doivent inciter à contrôler la glycémie (goutte de sang sur glucomètre) ou aller à la clinique. En attendant, on peut donner un repas à l’animal, ou du miel.

Si l’insuline est injectée à côté (en partie ou totalement), ou si le propriétaire oublie, l’animal peut faire une crise d’hyperglycémie : abattement soudain, troubles digestifs. Il faut l’emmener d’urgence chez le vétérinaire.

 

- Un animal diabétique peut-il en guérir?

 

Un chien ne peut pas guérir du diabète et devra être traité et suivi à vie. L’objectif sera donc de maintenir la glycémie dans des limites acceptables.

Il peut y avoir une exception chez les chiennes non opérées, chez qui la stérilisation peut faire régresser le diabète.

La situation est différente chez les chats : 40 à 60 % des chats diabétiques traités peuvent connaître une rémission de plusieurs mois à plusieurs années de leur diabète. Cela peut se produire si le traitement a été instauré précocement : les cellules β du pancréas redeviennent fonctionnelles. Le vétérinaire effectuera divers contrôles et décidera d’un arrêt éventuel du traitement.

 

Les points-clés

- Le diabète chez nos animaux de compagnie se rencontre plus fréquemment chez des animaux en surpoids et/ou faisant peu d’exercice.

- Le traitement repose à la fois sur des mesures alimentaires et hygiéniques, et sur l’administration d’insuline.

- Il sera indispensable de respecter scrupuleusement les prescriptions du vétérinaire tant au niveau médicamenteux qu’au niveau alimentaire, et ne pas hésiter à consulter en cas de souci. Un « carnet de suivi » où seront consignées doses d’insuline, glycémie, éventuellement alimentation et prise de boisson/émission d’urine peut s’avérer un auxiliaire précieux pour le propriétaire.

 

La clinique Clinique vétérinaire du Dr Pignon-Cabé Emmanuelle est domicilé au 8 Rue Ernest Cresson, 75014, Paris. Pour plus d'informations sur nos services, contactez-nous au 01 45 45 76 80.