Image par Ludwig Willimann de Pixabay

En règle générale, il est plus facile de faire avaler un comprimé à un chien qu’à un chat ; mais certains chiens sont particulièrement têtus et récalcitrants, et si le traitement prescrit nécessite plusieurs prises quotidiennes sur un long terme, voire toute la vie ( par exemple pour des pathologies cardiaques), l’administration des médicaments peut vite devenir fastidieuse, et parfois conduire à une mauvaise observance du traitement, ou même à l’arrêt de celui-ci, au détriment de la santé de l’animal.

Pour éviter d’en arriver à de telles extrémités, voici une petite revue des trucs et astuces pour faciliter la prise médicamenteuse. En ayant bien à l’esprit que les bonnes habitudes se prennent très jeune, et qu’il est important de familiariser assez tôt le chien à l’ingestion de comprimés (par exemple avec les vermifuges).

Donc, si les chiens naturellement gloutons ou dociles / habitués depuis tout petits ne posent généralement pas de problème, il est néanmoins nécessaire de s’intéresser au cas des réfractaires.

 

 

Les formulations « appétentes »

 

Depuis quelques années, les laboratoires – à la demande des vétérinaires et des propriétaires – ont développé des médicaments – sous forme de comprimés, de pâtes/gels ou de liquides – appétents, qui donnent au chien l’envie de les prendre sans se forcer : comprimés au goût et à l’odeur de viande, liquides ou gels que l’on met dans la gueule (avec une pipette) ou sur les aliments, et qui ont un goût sucré (de miel par exemple)... Certains chiens les considèrent même comme des friandises et prennent l’habitude de venir les réclamer à l’heure due ! D’ailleurs, il faut dans ce cas veiller à ne pas laisser ces médicaments à la vue et à la portée des chiens, qui risquent d’ingérer plus que la quantité recommandée, et donc de s’intoxiquer...

 

 

Le « camouflage »

 

Malgré les efforts sur la formulation, les exhausteurs de goût qui plaisent aux chiens, certains d’entre eux vont faire leur difficile et dédaigner le médicament appétent que vous a vanté votre vétérinaire. Que faire alors, avant d’en arriver au bras de fer  (bi)quotidien ? Quelle ruse employer pour que votre animal avale son comprimé sans se douter de rien ?

Certains chiens particulièrement « méfiants » ne s’en laissent pas conter, et détectent l’intrus caché dans la gamelle. Du coup, ils boudent et vont même jusqu’à refuser de toucher à leur nourriture tant que le comprimé s’y trouve...

L’idéal est de fourrer le comprimé dans un aliment humide que votre chien apprécie particulièrement, voire dont il raffole, et que vous lui donnez lorsque vous voulez lui faire un petit plaisir : fromage (Vache qui rit ou autre), steak haché tout frais, pâtée... Bien entendu sans que votre compagnon le voie !

Il existe également des pâtes très appétissantes bourrées d’arômes et d’odeurs, que l’on peut modeler et malaxer afin de fourrer les comprimés à l’intérieur. Généralement, le chien ne se pose pas trop de questions et avale sa boulette tout rond, parfois en redemande... Ces pâtes ont pour principal objectif de favoriser l’observance du traitement, notamment sur le long terme. Mais là encore, certains chiens sont délicats et capricieux, et il ne reste plus que la manière « forte ».

 

Remarque : à ne pas faire ! Dissoudre les comprimés dans un liquide (lait ou eau) ; cela confère au liquide un goût particulier que le chien n’apprécie pas, ce qui fait qu’il ne consomme pas tout le liquide. Par conséquent, le traitement n’est pas pris correctement et risque de n’avoir aucun effet.

 

 

La méthode « forte »

 

Si votre chien refuse la Vache qui rit, le steak, la pâtée, la boulette d’Observence®, et tente de fuir, il reste une seule solution : lui faire avaler le médicament de force.

On peut essayer manuellement ; ceci est valable pour un chien gentil (juste têtu), qui ne risque pas de vous entailler les doigts : vous vous placez plutôt en arrière du chien, vous attrapez sa tête d’une main, et vous placez le pouce d’un côté de la mâchoire, l’index et les autres doigts de l’autre. Tout en rassurant votre animal par la parole, vous inclinez légèrement sa tête en arrière. Avec la main qui tient le comprimé (entre le pouce et l’index), vous finissez d’ouvrir la gueule avec le majeur et allez placer le comprimé le plus loin possible, en arrière de la bosse de la langue. Puis vous refermez, maintenez la gueule fermée tout en massant le cou pour que le chien avale rapidement.

Il existe sur internet de nombreuses vidéos explicatives de la technique, qui seront peut-être plus claires que cette description.

Avec la même technique, mais sans y impliquer les doigts, il est possible d’employer un lance-pilules, que vous trouverez chez votre vétérinaire : on coince le comprimé dans le petit embout en caoutchouc ou en silicone, puis on enfile la seringue dans la bouche du chien, vers le fond derrière la langue. On pousse ensuite sur la tige, ce qui envoie la pilule dans la gorge. Après, même technique que précédemment pour faire avaler...

 

Si en théorie, un traitement peut sembler simple dans sa prescription, la mise en œuvre peut se révéler difficile si votre chien n’est pas coopératif pour avaler ses comprimés. L’idéal est de l’amener à les prendre spontanément, soit grâce à une formulation appétente, ou à des subterfuges de camouflage. Mais parfois, il faut recourir à une méthode plus contraignante. Le lance-pilule peut s’avérer une aide précieuse dans ce cas. N’hésitez pas à vous faire expliquer les modalités par votre vétérinaire, qui pourra vous faire une démonstration, ou vous faire répéter les bons gestes en sa présence... parce que l’observance est primordiale pour le succès d’un traitement.

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

19/10/2020