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La plupart des déménagements ont traditionnellement lieu entre mi-avril et début septembre (statistiques des entreprises de déménagement), et si ce changement est relativement stressant pour les maîtres, il peut l’être tout autant, sinon plus, pour les animaux de compagnie ! Bien que les animaux aient une grande faculté d’adaptation, certains d’entre eux sont plus sensibles aux modifications de leurs habitudes et à la nouveauté. La transition peut être encore plus délicate dans certaines situations, comme le passage d’une maison avec jardin à un appartement, passage de la campagne à la ville, ou inversement...

 

Par ailleurs, chiens et chats ne sont pas égaux face à un déménagement : globalement, les chiens, animaux sociaux, plus attachés à leur maître et au groupe familial, seront plutôt moins impactés que les chats, animaux territoriaux très sensibles à leur environnement et aux moindres modifications de ce dernier, même s’il existe bien entendu des différences individuelles dans les deux espèces.

Idéalement, l’adaptation sera facilitée si l’animal a été préparé en amont, et si vous suivez les quelques petits conseils qui suivent au moment du déménagement, et dans les jours d’après.

 

 

Avant le déménagement

 

En amont, et si cela est possible pour vous, essayez de penser à votre animal lors du choix de votre futur logement, en tenant compte de ses habitudes, de son caractère, de sa santé ; par exemple, si vous avez un vieux chien arthrosique, évitez autant que faire se peut un lieu avec de nombreux escaliers. Si vous avez un jeune chat qui a pris l’habitude de se balader en extérieur, et que vous devez partir en appartement, essayez de choisir un logement avec un accès à un espace extérieur relativement sécurisé. Si votre chien aboie beaucoup, envisagez un lieu où vous n’aurez pas de contacts trop proches et/ou fréquents avec du voisinage ou d’autres animaux, au risque de vous mettre à dos une partie de l’immeuble ou du quartier...

 

Une fois votre choix arrêté, allez repérer les lieux avec votre animal ; cela est plus facile avec un chien, avec lequel vous pourrez tranquillement vous balader dans les environs, afin d’explorer les rues, parcs et jardins, et de le familiariser aux bruits et aux odeurs du quartier...

 

Le cas du chat est plus complexe : c’est un animal territorial, qui passe beaucoup de temps à répandre ses phéromones dans ses lieux de vie et de passage. Un changement d’environnement lui fait perdre tous ses repères, et il aura besoin d’être accompagné avec bienveillance et patience ; cela dans le but d’éviter les conséquences désagréables de l’anxiété chez le chat, tels que marquage urinaire, malpropreté, griffades, anorexie, etc...

 

 

Autour du jour J

 

Pendant que vous faites les cartons, veillez à garder les mêmes habitudes pour votre animal : heures des repas, des promenades pour les chiens, jeux, etc... Évitez d’empaqueter les objets et jouets de votre animal ; au besoin, réservez lui une pièce (avec son coussin, ses bols d’eau et de nourriture et ses objets familiers, son coin litière pour le chat) où il pourra se réfugier s’il n’apprécie pas l’agitation familiale qui précède le déménagement.

 

Le jour du déménagement, lorsque l’agitation et les allées et venues seront à leur paroxysme, l’idéal est de confier votre animal à un ami ou à de la famille qui en prendra soin (à condition que l’animal y ait été un peu préparé là aussi). Cela évitera pic de stress ou risques de fugue. Si cela ne vous est pas possible, réservez une pièce où votre animal sera enfermé au calme avec ses objets familiers jusqu’au dernier moment... juste avant de partir avec vous en voiture jusqu’à son nouveau lieu de vie.

 

 

À l’arrivée dans le nouveau logement

 

Là aussi, priorité sera donnée au bien-être et au calme de votre animal. Dans la nouvelle habitation, réservez une pièce où vous poserez son coussin, ses gamelles, ses jouets, (sa litière), avec éventuellement pour les chats, un coin pour se cacher (cela peut être un carton vide du déménagement). Une fois les déménageurs partis et le calme (relatif) revenu, après avoir vérifié que portes et fenêtres étaient bien fermés (pour éviter que votre animal ne s’échappe), laissez la porte de la pièce ouverte, et laissez-lui le temps de visiter le logement à son propre rythme, sans le forcer. La pièce initiale doit rester ouverte et facilement accessible si votre animal a besoin d’un refuge tranquille. Cela est essentiellement valable pour les chats, qui pour être rassurés, ont besoin d’avoir une sortie de secours et un endroit « sécurisé » ; à partir de cet endroit, il va pouvoir commencer à explorer le nouveau logement, se frotter aux portes, aux meubles, déposer ses phéromones qui vont contribuer à renforcer son assurance et limiter son stress. Laissez-le faire à son propre rythme ! Certains chats peuvent passer plusieurs heures, voire jours, cachés sous un lit ou derrière un meuble, avant de se décider à montrer le bout de leur nez – souvent attirés par la nourriture en fin de compte !

 

Il est possible de vous renseigner auprès de votre vétérinaire, qui pourra vous conseiller des phéromones synthétiques (analogues des phéromones faciales du chat) à vaporiser sur les meubles, les lieux de passage. Ces odeurs vont signifier pour lui « lieu ou objet rassurant, connu » et renforcer son bien-être. Votre praticien vous suggérera peut-être un supplément nutritionnel anti-stress (à base d’une protéine de lait appelée alpha-casozépine). Ce produit, testé par des vétérinaires comportementalistes, a démontré ses propriétés anti-stress chez les chiens et les chats, sans qu’il y ait accoutumance, ni effet secondaire.

 

Pour les chiens, il existe aussi – sous forme de collier ou de diffuseur – des analogues de synthèse de phéromones apaisantes sécrétées par les chiennes allaitantes. Cela pourra également aider votre compagnon à se familiariser sereinement à son nouvel environnement.

 

L’extérieur

Une fois que votre animal a apprivoisé son nouveau lieu de vie, les différentes pièces et recoins... et qu’il a constaté que ses « essentiels » l’avaient suivi, ainsi que ses maîtres, il est possible d’envisager une reconnaissance de l’environnement extérieur, s’il est prévu qu’il y ait régulièrement accès.

 

• Pour un chien, rien de plus facile : l’exploration du quartier se fera à la laisse avec vous, si possible à des moments pas trop bruyants ni agités les premiers jours, afin de l’habituer progressivement.

 

• Pour un chat, l’adaptation peut s’avérer un peu plus complexe... surtout s’il était habitué en appartement et se retrouve avec un accès libre à l’extérieur ; il peut par exemple commencer à chasser un oiseau, ou être lui-même pris en chasse par un autre animal du quartier, chien ou chat, et se retrouver perdu, ne sachant plus comment rentrer, parce que terrorisé. Les tout premiers temps, il est important de le surveiller, de le rappeler régulièrement, au début pour de courtes explorations, puis de plus longues en « rayonnant » à partir de son point de départ qu’est le nouveau logement, afin qu’il intègre progressivement la géographie de son environnement.

En revanche, si votre chat avait l’habitude de sortir à volonté, et que désormais il est cantonné en appartement, cela peut être source d’anxiété, que l’on pourra prévenir en enrichissant son territoire (griffoirs, jouets, distributeurs de croquettes ludiques, arbres à chats, refuges en hauteur, etc...), voire en jouant un peu plus souvent avec lui au début.

 

Si toutefois malgré l’application de ces quelques conseils, vous constatez des signes d’anxiété chez votre animal, ou d’importants changements de comportement, n’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire, qui vérifiera que tout aille bien et vous prodiguera les conseils adaptés.

 

Si cela vous est possible, essayez de vous faire recommander un praticien ou une clinique vétérinaire proche de votre  nouveau domicile, en posant par exemple la question à des voisins propriétaires d’animaux.

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

01/06/2020