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Ce mot un peu compliqué désigne une maladie assez répandue chez les lapins de compagnie.

Il s’agit d’une maladie neurologique d’origine parasitaire, qui est causée par un protozoaire appelé Encephalitozoon cuniculi. Ce parasite se déplace dans le sang, et siège essentiellement dans le cerveau ou les reins. Entre 30 à 97 % des lapins seraient infectés par E. cuniculi, mais ils ne développent pas tous la maladie, en fonction de leur système immunitaire ou de facteurs génétiques encore mal connus. Par exemple, les lapins nains y paraissent plus sensibles.

Si ce parasite affecte majoritairement les lapins, il peut également toucher les souris, les rats, les cobayes, les hamsters, mais aussi les chèvres et les chiens...

 

 

Comment les lapins se contaminent-ils ?

 

Les modes les plus fréquents de contamination sont la transmission par la mère via le sang et le lait maternel, et par les urines d’un animal lui-même infecté ; en effet, le protozoaire, s’il est logé dans les reins, peut être éliminé par les urines (sous forme de spores), et donc potentiellement contaminer le foin ou la nourriture.

Une fois ingéré, le parasite passe dans le sang depuis les intestins, et va s’installer dans les tissus cérébraux ou la moelle épinière, ou dans les reins. L’animal contaminé peut rester porteur du microorganisme durant de nombreuses années avant que la maladie se déclare.

La plupart du temps, celle-ci apparaît suite à un stress, ou sur des animaux vieillissants ou immunodéprimés.

 

 

Quels sont les signes d’une encéphalitozoonose ? Comment le vétérinaire pose-t’il le diagnostic ?

 

Les principaux symptômes sont nerveux, mais aussi ophtalmologiques et/ou rénaux :

• Syndrome vestibulaire (torticolis, pertes d’équilibre modérées à sévères)

• Paralysie, faiblesse de l’arrière-train (pouvant être unilatérale)

• Possibles convulsions

• Signes ophtalmologiques tels qu’uvéite, nystagmus (mouvements d’oscillation involontaire et saccadés du globe oculaire)

• Perte d’appétit, difficultés à se nourrir, déshydratation...

• Fatigue

• Parfois insuffisance rénale.

 

Le vétérinaire établit son diagnostic après un examen clinique approfondi, ainsi que des examens complémentaires : radiographies (éventuellement scanner) de la colonne vertébrale et/ou du crâne pour éliminer une lésion de la moelle épinière ou une otite moyenne/interne. Si les clichés ne révèlent aucune anomalie, l’encéphalitozoonose sera présumée, et un traitement instauré par défaut.

Des tests sanguins existent mais sont assez controversés et donc peu ou pas utilisés chez le lapin.

 

 

Quel(s) traitement(s) pour l’encéphalitozoonose ?

 

Le traitement n’est pas toujours d’une efficacité totale. Toutefois, le taux de succès est assez satisfaisant pour qu’on le tente systématiquement dans tous les cas, même les plus sévères.

Il repose sur l’emploi d’un antiparasitaire (antiprotozoaire) associé à un traitement symptomatique et de soutien : antibiotiques, anti-inflammatoires et vitamines du groupe B, afin de traiter les conséquences de l’infection.

Des aménagements pourront être faits pour faciliter la vie du lapin malade, et pour l’accompagner dans ses soins : pour un animal souffrant de troubles neurologiques, l’environnement doit être réduit et adapté pour prévenir chutes et blessures. Ainsi, l’idéal est de placer le lapin dans une petite cage rembourrée afin de limiter ses mouvements et d’éviter qu’il se cogne (par exemple cage de transport pour chats, qui permet au lapin de s’étendre sans toutefois pouvoir se déplacer).

Il sera parfois nécessaire de « gaver » le lapin pendant un certain temps s’il ne parvient plus à prendre sa nourriture, voire de l’hospitaliser pour lui administrer des solutés de perfusion.  S’il a des problèmes urinaires (incontinence), il faudra veiller à une bonne hygiène (environnement propre et sec) afin d’éviter les irritations et infections cutanées. S’il est paralysé, il est recommandé de le mobiliser régulièrement afin de prévenir les escarres.

 

Certains lapins pourront conserver des séquelles de la maladie, notamment un torticolis ; les rechutes sont également possibles, et dans ce cas, la prescription sera prolongée, ou allongée sur plusieurs semaines. Globalement, le pronostic est meilleur si les symptômes ne sont pas trop sévères.

 

 

Peut-on prévenir l’encéphalitozoonose ?

 

Il n’existe pas actuellement de consensus sur le sujet : certains vétérinaires préconisent une cure d’un mois d’antiparasitaire à l’adoption du lapin, d’autres préfèrent des cures régulières de quelques jours...

Dans un couple / groupe où un ou plusieurs lapins sont malades, il vaut mieux soit les séparer, soit les traiter tous en même temps.

La désinfection du lieu de vie est indispensable, et seule l’eau de javel permet une destruction des spores. Il est recommandé de jeter tous les objets en matière naturelle ou absorbante difficiles à désinfecter, tels que tapis, cartons, objets en bois.

 

 

Et pour l’homme ?

 

Il s’agit bien d’une zoonose, mais le risque de transmission à l’homme est extrêmement faible, sauf si la personne est très immunodéprimée (personne ayant subi une greffe, traitée par des immunosuppresseurs, nouveau-nés...), et les règles d’hygiène de base qui consistent à se laver systématiquement les mains ou à porter dans gants lorsqu’on s’occupe d’un animal malade sont généralement suffisantes.

 

 Si votre lapin présente un torticolis, même léger, associé ou non à d’autres troubles, n’hésitez surtout pas à le présenter en consultation à votre vétérinaire !

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

24/08/2020