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La dirofilariose, également appelée « Maladie des vers du cœur »  chez le chien et le chat, est une pathologie grave, pas toujours très connue, mais dont la répartition géographique tend à s’étendre chaque année, notamment en raison du réchauffement climatique et des déplacements touristiques.

 

 

Qu’est-ce que la dirofilariose ?

 

C’est une maladie d’origine parasitaire,  due à un ver filaire (long et fin comme un spaghetti), Dirofilaria immitis, qui parasite le système cardiovasculaire de l’animal. La plupart du temps, ce sont les canidés (chiens domestiques et canidés sauvages) qui sont parasités, mais cette maladie peut également – plus rarement – toucher les chats et l’homme (zoonose).

 

Ces vers se logent dans les artères pulmonaires et débordent jusque dans le cœur, d’où leur appellation. En cas de forte infestation, on peut retrouver jusqu’à plus de 200 vers dans les artères pulmonaires et le cœur !

 

La transmission se fait par les moustiques (Culex, Anophèles) chez le chien, le chat et l’homme. Il existe plusieurs stades larvaires, de durée variable ; on peut juste retenir que suite à la piqûre d’un moustique infecté, une larve, aussi appelée microfilaire, pénètre sous la peau du chien, puis subit plusieurs transformations et maturations avant de migrer et de s’installer, une fois adulte, dans les artères pulmonaires et le cœur.

 

Répartition géographique

La dirofilariose est en pleine extension, à la fois de sa surface de répartition, mais aussi du nombre de cas. En France, on la retrouve de façon endémique dans tout le sud du pays, avec des cas dans d’autres régions d’animaux ayant séjourné dans le sud. En Europe, on la retrouve en Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Croatie, Turquie..., mais aussi Hongrie et République Tchèque par exemple. Mondialement, elle est présente aux États-Unis, au Canada, en Amérique du Sud, au Japon...

 

• Saisonnalité

Plus on descend vers le sud, plus la période à risque augmente : en France, cette période s’étend de fin mars à fin octobre ! Mais dans les régions subtropicales, le risque est présent toute l’année !

 

 

Quels sont les signes de la maladie ?

 

Les filaires adultes peuvent vivre dans le cœur du chien ou du chat pendant plusieurs années sans qu’il y ait aucun symptôme : cela peut aller de 5 à 7 ans chez le chien, et de 2 à 3 ans chez le chat (lorsque les larves atteignent ce stade).

 

◘ Chez le chien

Lorsque les signes apparaissent – plusieurs mois, voire plus après la piqûre infectante - l’infestation parasitaire est en général déjà importante, et la maladie est grave.

 

Selon le nombre de vers, il est possible de distinguer plusieurs stades :

 

• Stade 1 (moins de 10 vers) : pas de symptômes

• Stade 2 (10 à 50 vers) : toux, intolérance à l’effort

• Stade 3 : (50 à 100 vers) : difficultés respiratoires (dyspnée) et possibles signes d’insuffisance cardiaque droite, tels qu’épanchement abdominal (ascite) ou pleural

• Stade 4 : (plus de 100 vers) : les vers sont tellement nombreux qu’ils débordent du cœur et gênent l’arrivée du sang dans celui-ci par la veine cave ; on observe un syndrome « veine cave », avec insuffisance cardiaque sévère et possible mort rapide, destruction des globules rouges, qui libèrent leur hémoglobine dans le sang, les urines (hémoglobinurie, urines foncées), sous la peau (ictère ou jaunisse)...

 

Chez le chat

Il est à noter que le chat est généralement moins touché, parce qu’il parvient souvent à éliminer les larves et les filaires matures (dans plus de 60 % des cas).

Pour les chats qui ne parviennent pas à éliminer les vers, on peut constater une gêne respiratoire et de la toux (un peu comme dans une bronchite chronique), associées à des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) et à une perte de poids.

Enfin, certains chats peuvent connaître une dégradation de leurs troubles respiratoires (œdème pulmonaire) pouvant entraîner la mort, tandis que d’autres meurent subitement sans symptôme précurseur... Ce dernier phénomène est d’ailleurs encore mal expliqué.

 

 

Comment pose-t-on le diagnostic ?

 

Le diagnostic repose sur plusieurs éléments, notamment le contexte épidémiologique (vie ou séjour dans une zone endémique ou à risque), les signes cliniques, et sur divers examens complémentaires.

La radiographie du thorax ne permet pas de visualiser les vers, mais aide à estimer l’importance des lésions pulmonaires.

L’échographie, si le nombre de vers est élevé, et qu’ils débordent du cœur, permet en cas de visualisation de ceux-ci de poser un diagnostic de certitude.

Des tests sérologiques spécifiques peuvent être prescrits par le vétérinaire en cas de forte suspicion ; il est possible de rechercher les parasites (antigènes), ou des traces de la réponse immunitaire de l’organisme à la présence de ces parasites (anticorps). Ces tests toutefois ont leurs limites, et ne doivent pas être réalisés trop tôt après l’exposition (minimum de 7 mois). De même, il existe parfois des faux négatifs...

 

 

Comment traite-t-on ?

 

Il existe des traitements antiparasitaires permettant d’éliminer les larves et les vers, mais ils ne sont pas sans danger ; en effet, la destruction des parasites entraîne des réactions importantes de l’organisme, tels que fatigue, anorexie, fièvre, toux, parfois thrombose (= obstruction de vaisseaux sanguins). Un animal traité pour dirofilariose devra donc rester au repos le plus complet possible pendant un mois, voire plus. Selon les molécules, le traitement, par voie injectable ou orale, se fera sur des durées variables, avec un suivi précis que vous expliquera le vétérinaire.

 

 

Peut-on prévenir ?

 

Compte-tenu de la sévérité de la maladie, et des difficultés du traitement, la prévention est évidemment le meilleur moyen d’éviter tous ces soucis !

 

Elle repose sur plusieurs volets :

 

La lutte contre la transmission de la maladie par les moustiques

Lutter contre les moustiques en zone endémique, poser des moustiquaires aux portes et fenêtres, limiter les zones ou objets pouvant contenir de l’eau (où pondent les moustiques), éviter les sorties aux périodes d’activité des moustiques (crépuscule)...

 

La chimioprophylaxie (= prévention médicale),

À base notamment de lactones macrocycliques. La fréquence et la stratégie seront différentes selon la zone concernée, et selon que l’animal y vit à l’année ou pas.

- Pour un chien habitant en zone endémique, le traitement préventif sera administré durant toute la période à risque, en commençant 1 mois avant celle-ci et en terminant un mois après la fin supposée (grosso modo de mi-mars à fin octobre).

- Pour un chien vivant hors zone, mais y séjournant pour des vacances, le protocole commencera 1 mois après l’arrivée en zone endémique (donc parfois après le retour), et sera redonné 1 mois après le retour.

 

Sans oublier les pipettes ou colliers antiparasitaires actifs sur les moustiques !

 

N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire et à vous faire expliquer avec précision le protocole !

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

18/05/2020