CC0 Creative Commons via Pixabay

La grossesse nerveuse, encore appelée lactation de pseudogestation, est un phénomène qui concerne uniquement les chiennes non stérilisées. Elle survient  le plus souvent entre 6 et 10 semaines après les chaleurs ; la chienne se comporte comme si elle avait des petits : il y a souvent du lait dans ses mamelles, et elle materne divers objets.

En soi, cette affection n’est pas si grave ; elle est surtout une gêne pour les propriétaires, et elle peut favoriser à terme l’apparition de tumeurs mammaires.

 

 

Pourquoi les chiennes font des grossesses nerveuses ?

 

Ce phénomène est lié à la particularité du cycle sexuel chez la chienne : dans cette espèce, il existe une période dite de metœstrus, qui débute à la fin des chaleurs et dure environ deux mois, pendant laquelle le taux de progestérone (hormone) reste relativement élevé.

La grossesse nerveuse se produit à la fin du metœstrus, lorsque le taux de progestérone chute tandis que le taux de prolactine augmente : ces modifications hormonales miment ce qui se passe lors de la mise-bas. C’est donc un mécanisme non pathologique, naturel, vraisemblablement d’origine ancestrale, du temps où les chiens vivaient en meutes (les femelles pouvant le cas échéant aider à nourrir les petits du groupe).

Une grossesse nerveuse peut survenir dès les premières chaleurs, et dans ce cas, se reproduit la plupart du temps à chaque cycle...

Les chattes ne sont pas concernées, leur cycle de reproduction étant totalement différent.

 

 

Quels sont les signes d’une grossesse nerveuse ?

 

Un gonflement des mamelles, avec une sécrétion plus ou moins abondante de lait, est un signe quasi-constant, même s’il peut passer inaperçu chez les femelles à poils longs.

Les modifications comportementales sont quant à elles plus ou moins prononcées selon les chiennes :

• Certaines femelles sont agitées, recherchent le contact avec leur propriétaire, sont « collantes »

• D’autres semblent totalement déprimées, s’isolent

• Certaines chiennes se lèchent les mamelles, la vulve

• Souvent, elles se font une sorte de nid dans leur panier, leur niche, sur un coussin, un tapis, ou autre, où elles maternent des objets (peluches, chaussons, balles) qu’elles identifient à leurs petits.

• Certaines femelles mangent moins.

 

 

Que faire ou ne pas faire ?

 

Une grossesse nerveuse n’étant pas grave en tant que telle, il est possible de ne rien faire de spécial ; les manifestations comportementales et la sécrétion lactée disparaitront progressivement en 1 à 2 semaines. Il peut être bon de sortir la chienne, de jouer avec elle, afin de la distraire. Il faut retirer les objets accumulés dans son nid, et l’ignorer si elle est trop collante.

Il faut surtout éviter de manipuler les mamelles : ni tirage de lait, ni massages avec ou sans pommades, qui ne font que stimuler la lactation et aggraver les symptômes.

 

Si les manifestations sont trop gênantes, notamment une sécrétion lactée trop abondante, mieux vaut consulter le vétérinaire. Il vérifiera l’absence de gestation (palpation abdominale, radio ou échographie) et prescrira des médicaments pendant quelques jours pour stopper la lactation (inhibiteurs de la sécrétion de prolactine).

 

 

Peut-on prévenir les grossesses nerveuses ?

 

Toutes les chiennes n’en font pas. Mais celles qui en font risquent de récidiver régulièrement.

Faire faire une portée à l’animal ne changera strictement rien, puisqu’il ne s’agit pas d’un besoin d’avoir des petits, juste une réponse physiologique et comportementale à une stimulation hormonale. Les symptômes peuvent s’avérer gênants, sans compter que ce phénomène peut favoriser l’apparition de mammites graves si du lait s’accumule et que les mamelles s’infectent (fièvre, abcès...), ou à terme de tumeurs mammaires.

La seule prévention sûre à 100 % consiste en la stérilisation : plus de cycle sexuel, donc plus de grossesse nerveuse ! Mais également prévention des tumeurs mammaires ou des infections utérines chez les chiennes âgées.

En cas de doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire !

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

03/12/2018