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Vous venez d’adopter un chiot, et vous avez constaté une petite bosse sur le ventre de votre animal, au niveau de l’ombilic. Il se peut qu’il s’agisse – entre autres – d’une hernie ombilicale.

Une hernie est la conséquence d’une fermeture imparfaite de l’anneau ombilical au niveau du nombril. Le volume de la hernie dépend essentiellement du diamètre de l’anneau ombilical, c’est-à-dire du « trou » dans la paroi abdominale. À l’intérieur de la hernie, on peut retrouver – selon la taille de celle-ci – de la graisse, ou encore des anses intestinales. Il est plus rare d’y trouver d’autres organes abdominaux.

 

 

Quelles en sont les causes ?

 

Même si elles peuvent apparaître suite à un traumatisme ou à une intervention chirurgicale,  les hernies ombilicales chez le chien sont le plus souvent d’origine congénitale, c’est-à-dire qu’elles sont présentes dès la naissance, ou apparaissent dans les premiers jours / premières semaines qui la suivent. Il semble y avoir une cause héréditaire, notamment chez certaines races prédisposées, telles que le Pékinois, l’Airedale, le Braque de Weimar, le Pointer, le Beagle, le Basenji. Les chiots de ces races présentant cette anomalie à la naissance seront écartés de la reproduction.

 

Parfois cependant, la hernie ombilicale peut être acquise, suite à une manœuvre inappropriée ; c’est par exemple le cas lorsque le cordon ombilical est coupé trop court, et trop près de la paroi abdominale, tout en subissant une traction vers l’avant. La mère du chiot peut en être responsable, ou encore l’assistant (éleveur, propriétaire, ASV, vétérinaire) lors de la mise-bas.

 

 

Quels sont les signes de hernie ombilicale chez le chien ?

 

Comme évoqué plus haut, la hernie apparaît comme une « boule » ou masse faisant protrusion de l’abdomen au niveau du nombril. Cette masse est généralement molle et fluctuante, mais elle peut parfois être dure au toucher, notamment en présence d’adhérences. Cela signifie que les tissus présents dans le sac herniaire ne peuvent être refoulés facilement dans l’abdomen, ils « collent »   au tissu sous-cutané au niveau de la hernie.

Les hernies de petit diamètre (inférieur à 1 cm) sont la plupart du temps sans conséquences sur la santé du chien.

En revanche, pour un diamètre de plus de 2 ou 3 cm, la masse peut être plus ou moins volumineuse selon la position de l’animal ; on peut y trouver de la graisse, des anses intestinales, de l’épiploon (membrane qui recouvre les viscères abdominaux), voire parfois un morceau de foie ou de rate ! Dans ce cas, le risque est alors grand d’aboutir à une hernie étranglée : une anse intestinale peut se retrouver coincée dans l’anneau herniaire, « étranglée » et donc privée d’irrigation sanguine, ce qui entraîne une nécrose rapide des tissus et met la vie de l’animal en danger.

 

 

Quelle conduite à tenir en cas de hernie ombilicale chez un chiot ?

 

L’idéal est de montrer le chiot au vétérinaire au cours d’une visite de routine, afin qu’il évalue l’importance de la hernie.

Le praticien commencera par palper la hernie, afin d’en déterminer la taille et la consistance, et il essaiera de la réduire manuellement, c’est-à-dire de repousser le sac herniaire à travers l’anneau. Si cela est facilement possible, on parle de hernie réductible. Dans le cas contraire, il s’agit d’une hernie ombilicale irréductible.

Cela aura son importance lorsque l’on envisagera la réduction chirurgicale de la hernie : en cas d’irréductibilité, la manœuvre peut s’avérer délicate s’il y a adhérence de certains organes.

S’il a des doutes, le vétérinaire pourra prescrire une radiographie, éventuellement avec un produit de contraste baryté qui diffuse dans le tube digestif, dans le but de déterminer la nature des organes situés dans le sac herniaire.

Une échographie peut aussi être envisagée à cet effet.

Selon les résultats des examens, le vétérinaire conseillera d’attendre, ou d’intervenir rapidement en cas de risque important de strangulation de la hernie par exemple.

 

 

Quels sont les traitements possibles d’une hernie ombilicale ?

 

• Pour les hernies dont le diamètre est < 1 cm

Généralement, elles ne présentent aucun danger pour les chiens, et peuvent même spontanément se refermer jusque l’âge de 6 mois.

Au-delà de cet âge, on considère que les bords de l’anneau ombilical ne peuvent plus se souder (cicatrisation complète). Si la hernie persiste, il est généralement conseillé de la réduire lors d’une anesthésie (par exemple pour une stérilisation), ce qui évitera la formation de petites adhérences ultérieures potentiellement responsables d’inflammation.

Un chien peut vivre avec une hernie de petit diamètre, mais on n’est jamais à l’abri d’une aggravation suite à un traumatisme par exemple.

• Pour les hernies de diamètre > 2 cm

La chirurgie est indispensable, et doit être programmée le plus rapidement possible afin d’éviter toute complication.

Cette intervention consiste en la création d’adhérences au niveau de l’ouverture du sac herniaire pour empêcher les récidives : le chirurgien ravive les bords de l’anneau herniaire en faisant saigner un peu avec son bistouri, pour provoquer une cicatrisation de très bonne qualité.

 

 

Peut-on prévenir ?

 

Pour prévenir les hernies congénitales héréditaires, on écartera de la reproduction tout animal qui en est atteint.

Pour éviter les hernies ombilicales acquises, on s’abstiendra de couper le cordon trop court (laisser au moins 2 à 3 cm), et on n’effectuera pas de traction lors de cette manipulation.

 

 

Que dit la législation ?

 

La hernie ombilicale n’est pas un vice rédhibitoire ; toutefois, si elle est antérieure à la vente du chiot, elle doit impérativement être signalée sur le certificat de vente. Dans le cas contraire, l’acquéreur pourrait invoquer un vice caché.

Concernant les chiens de race, une hernie ombilicale n’est pas un motif de non-confirmation.

 

 

Conclusion

Bien que généralement bénigne, une hernie ombilicale peut néanmoins être grave, et il est impératif de demander l’avis d’un vétérinaire.

Par ailleurs, mieux vaut éviter de faire reproduire les animaux qui en sont atteints.

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

18/10/2021