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Bien que le lapin soit réputé naturellement propre, de nombreux propriétaires se plaignent que le leur n’y soit pas, ou plus, et s’interrogent sur les raisons de ce comportement déroutant, ainsi que sur les moyens d’y remédier.

Il est donc important de s’accorder sur la définition de la malpropreté ; la majorité des lapins adultes sont propres dans la mesure où ils ne font leurs besoins ni dans leur lieu de repos, ni dans leur nourriture. Par exemple, les lapins de garenne gardent leur terrier propre et ont l’habitude de sortir pour faire leurs besoins, dans des aires d’élimination qui servent également à signaler aux lapins extérieurs qu’ils s’approchent du territoire d’un autre groupe. Un lapin domestique faisant ses besoins sur les tapis, sous le lit, n’est pas forcément malpropre, il n’a juste pas trouvé l’endroit qui lui convient ; c’est donc à son propriétaire de se charger – avec patience et fermeté – de son éducation.

 

 

L’éducation à la propreté du jeune lapin

 

Au tout début de l’apprentissage de la propreté, il est préférable de restreindre ses déplacements, afin d’éviter qu’il prenne l’ensemble de l’appartement ou de la maison comme un bac à litière géant.

Donc dans un premier temps, il faudra proposer au jeune lapin un habitat adapté, et ne pas autoriser les sorties sans surveillance, afin de lui donner des repères précis. De plus, pour garantir des résultats solides et durables, il sera important de répéter chaque jour les mêmes gestes.

Quand l’éducation sera terminée, une petite consolidation sera nécessaire avant d’autoriser votre lapin à se balader en toute liberté dans toute la maison ; agrandir trop vite son territoire risquerait de perturber votre lapin et de lui faire perdre ses bonnes habitudes patiemment acquises !

 

Mais revenons-en à la base : choisir un bac à litière adéquat, répondant à certains critères ; en effet, si le bac ne convient pas au lapin, il risque soit de se retenir d’uriner (et à terme de développer de gros problèmes urinaires), soit de décider de faire ailleurs (et dans ce cas, la malpropreté qui s’ensuivra entachera votre relation...)

Le bac à litière « idéal » doit donc :

• Être spacieux : le lapin doit pouvoir s’y retourner sans difficulté, et y adopter une position naturelle pour uriner.

• Avoir des bords suffisamment hauts pour éviter que l’urine passe par-dessus bord

• Être accessible : le lapin doit pouvoir s’y rendre sans rien escalader. On évitera les litières pour chats avec couvercle, que les lapins apprécient peu. De même, les bacs d’angle ne sont pas de bons choix pour les lapins (manque d’espace).

• Être confortable ; si la litière est plutôt dure (type granulés), cela n’est pas très confortable pour les pattes du lapin, qui doivent rester bien au sec et sur une surface souple pour éviter les problèmes de pododermatite (fréquents chez les lapins de compagnie). Un tapis souple d’évier posé sur les granulés peut faire l’affaire à condition de vérifier que l’animal ne le ronge pas et surtout ne l’ingère pas !

• Se trouver dans l’immédiate proximité d’un bac à foin ; en effet, dans la nature, les lapins broutent et font une partie de leurs besoins en même temps. Par conséquent, proposer du foin au-dessus ou dans le bac à litière est une bonne solution pour l’apprentissage de la propreté et pour augmenter la consommation de foin (indispensable pour la santé digestive des lapins).

• Contenir la bonne litière, non toxique. La litière idéale est une litière végétale bien absorbante et non volatile (par exemple chanvre, rafle de maïs), qui peut se présenter sous forme de copeaux, de grains ou de granulés (comme les granulés de bois de chauffage). On évitera absolument les litières à base de copeaux de résineux (toxiques), les litières parfumées, ainsi que les litières minérales pour chat (peuvent provoquer un blocage intestinal en cas d’ingestion).

• Rester propre ;  il est important de nettoyer le bac régulièrement et de bien rincer pour éviter l’émission d’odeurs irritantes. Avec le temps, il se forme un dépôt de calcium au fond du bac (l’urine de lapin en est très riche). Un peu de vinaigre blanc appliqué de temps à autre permettra de dissoudre les dépôts.

 

L’apprentissage proprement dit

Au départ, l’essentiel est de bien observer son lapin dans son espace de vie, afin de voir où il préfère faire ses besoins. S’il y a un endroit privilégié, c’est là qu’il faut placer le bac à litière. Au tout début, il n’est pas recommandé de changer trop souvent la litière, le lapin pourrait avoir plus de mal à s’y habituer. Il est possible de mettre le lapin toutes les 10 minutes dans son bac, jusqu’à ce que cela devienne un réflexe. En cas de besoins hors du bac, il faut l’y remettre rapidement, en lui disant d’un ton ferme : « dans ton bac ! », et en l’y maintenant un petit moment.

Généralement, le lapin apprend assez rapidement à uriner dans son bac à litière, c’est un peu plus compliqué pour les crottes, qu’il contrôle moins bien. Il est préférable lorsqu’on commence, de sortir le lapin avant les repas ; ainsi il retournera plus facilement dans sa cage/son enclos pour manger !

Le fait de disposer un râtelier de foin juste au-dessus du bac à litière peut aussi le stimuler pour faire ses besoins dans le bac.

 

 

La malpropreté

 

Votre lapin était propre, et d’un seul coup se remet à uriner partout, sauf dans son bac à litière.

Que se passe-t’il donc ? Il peut y avoir plusieurs causes à ce problème, et il est important de la déterminer afin d’appliquer la solution appropriée.

• Votre lapin a 3 ou 4 mois, et il se met à asperger divers endroits (de préférence difficilement nettoyables) de grands jets d’urine. Il est en pleine puberté et marque son territoire, signe d’acquisition de la maturité sexuelle. Dans ce cas, une solution s’impose : la stérilisation. L’intervention est relativement anodine, et quelques jours après celle-ci, il reprendra – sous surveillance – les bonnes habitudes qu’il avait acquises grâce à votre éducation.

• Votre lapin était propre, il est stérilisé, mais son environnement a été perturbé par le passage ou l’arrivée d’un autre animal dans le foyer ; le marquage du territoire par l’urine a pour but de se rassurer et de masquer l’odeur de l’intrus.

Ou alors ses habitudes ont été modifiées (il a subitement plus de liberté pour vagabonder dans la maison), et dans son cerveau de lapin, il y a une confusion de territoire. Il faut donc revenir aux fondamentaux et reprendre depuis le début, c’est-à-dire restreindre son espace de vie en revenant à l’enclos d’éducation du départ, ou au moins le limiter à un parc ou à une seule pièce. Toutes les crottes faites en dehors du bac seront redéposées dedans. Chaque fois que vous le surprendrez en train d’uriner ou de faire ses crottes en dehors de celui-ci, dites fermement non, posez-le dans le bac et forcez-le à y rester un peu (n’oubliez pas le foin !). En une à deux semaines, les choses devraient être rétablies.

Par la suite, vous veillerez à ne pas agrandir trop vite son territoire d’exploration, pour ne pas le perturber de nouveau.

 

Éduquer ou ré-éduquer un lapin demande de la patience, et de la répétition, pour que l’animal intègre bien les apprentissages. Mieux vaut éviter les perturbations de l’environnement, qui peuvent venir chambouler les bonnes habitudes.

Si vous ne parvenez pas à un résultat satisfaisant concernant la propreté de votre lapin, n’hésitez pas à en discuter avec votre vétérinaire !

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

28/09/2020