La fugue chez un chien est un comportement à la fois dangereux pour l’animal, qui risque potentiellement des accidents, et gênant pour le maître, qui souvent s’interroge sur ses capacités à bien éduquer son chien, et à bien s’en occuper.

Il faut garder à l’esprit que les causes de fugues sont très diverses, et pas forcément en rapport avec le bien-être de l’animal dans son milieu familial. Il est possible de distinguer les fugues pour lesquelles le chien revient, et celles où il part et ne revient pas de lui-même.

 

À noter : quelle que soit la cause de la fugue, il est important que votre animal soit correctement identifié, idéalement par puce. C’est d’ailleurs normalement obligatoire depuis 1999 pour les chiens de plus de 4 mois. Les statistiques montrent qu’un animal identifié a 40% de chances supplémentaires d’être retrouvé.

 

 

Les chiens fugueurs qui reviennent

 

La plupart du temps, les chiens fugueurs qui reviennent se considèrent comme des dominants, c’est-à-dire qu’ils vont et viennent comme ils le veulent sur un territoire qu’ils regardent comme le leur, et qui ne se limite pas à la propriété familiale.

► Voici quelques principes de base pour faire comprendre à votre chien qu’il n’est pas le chef chez vous, et qui devraient aider à limiter ce comportement ;  il est préférable de les appliquer dès le début pour éviter les mauvaises habitudes dont on sait qu’il est plus difficile de se débarrasser.

• Le chien ne doit pas manger avant ou pendant le repas de ses maîtres, mais après, et en dehors de la présence de ces derniers. Par ailleurs, qu’il ait terminé ou non, la gamelle doit être retirée au bout de 15 à 20 minutes ; le chien comprendra ainsi que son maître est le dominant, puisqu’il gère l’alimentation de l’ensemble de la « meute ».

• Le lieu de couchage du chien ne doit pas se trouver dans un endroit « stratégique », de passage (escaliers, couloir, entrée), ni en position haute (chaise, canapé...)

• Le chien doit apprendre à patienter lorsqu’il veut jouer ou recevoir des caresses ; il ne doit pas avoir l’initiative des contacts.

• Il est conseillé de travailler le rappel avec votre chien, en insistant sur les félicitations et/ou petites récompenses chaque fois qu’il revient. Quelle que soit la cause de fugue, ce n’est pas une réprimande au retour qui incitera votre chien à revenir à la maison !

 

Les fugueurs peuvent aussi être attirés par des stimulations qu’ils ne trouvent pas chez eux, ou en tout cas pas de façon satisfaisante : sources de jeux (certains chiens aiment à aller retrouver des enfants), sources d’alimentation (chiens gourmands qui se font nourrir chez les voisins), chiennes en chaleur (l’appel des hormones peut être très puissant !), ou encore proies (pour les chiens « chasseurs »).

L’identification de la motivation principale du fugueur permet généralement de trouver des solutions pour régler le problème.

• Si votre chien est irrésistiblement attiré par les femelles en chaleurs, la castration peut être envisagée, sans toutefois que l’on puisse être certain de l’efficacité à 100% de l’intervention. En effet, même si votre chien ne peut plus se reproduire, il reste capable de détecter les odeurs, y compris les phéromones sécrétées par les femelles en chaleurs... Cependant, les animaux castrés sont généralement plus sédentaires. Moins radicaux que la castration, les implants de desloréline, d’une durée d’action de 6 mois à 2 ans, permettent de tester si une intervention serait efficace. Il faut cependant savoir que les premières semaines, l’implantation renforce le comportement « mâle » avant que les effets attendus se fassent sentir. Il convient donc de rester très vigilant les jours qui suivent l’implantation.

• Si votre chien cherche des compagnons de jeux, c’est peut-être qu’il s’ennuie et n’a pas assez de stimuli dans son environnement habituel. Dans ce cas, il est important de  mettre en place des périodes de jeux et d’échanges avec lui, pas forcément longues, mais bien ritualisées au cours de la journée. Éventuellement, un compagnon (chien, chat) peut être une solution, à condition qu’ils ne fuguent pas de concert !

• Si c’est la nourriture qui attire votre chien loin de chez vous, parlez-en aux voisins pour qu’ils cessent de le satisfaire, et expliquez-leur les risques d’accidents notamment.

• En ce qui concerne les chiens « chasseurs », il est fort possible que ce comportement de prédateur soit ancré dans leurs gênes et dans ce cas, il est difficile à empêcher.

• Par ailleurs, vous pouvez renforcer l’obéissance en faisant des exercices de base dans le jardin (assis, coucher, rappel), afin de bien faire comprendre à votre animal que ce n’est pas lui qui contrôle l’espace (voir plus haut).

 

 

Les chiens fugueurs qui ne reviennent pas

 

C’est typiquement le cas de chiens qui se sauvent, et sont retrouvés loin du domicile familial, ou dans un refuge, parfois accidentés et blessés.

C’est le plus souvent un trouble pathologique du comportement qui est à l’origine des fugues, et l’aide et les conseils d’un vétérinaire seront la plupart du temps indispensables : thérapie comportementale généralement associée à un traitement médical.

On peut distinguer plusieurs troubles comportementaux :

• Les chiens phobiques / anxieux

Suite à un facteur déclencheur qu’il faudra identifier, ils perdent tout contrôle et n’ont qu’une obsession, s’enfuir le plus loin possible de ce qui leur fait peur. En outre, le stimulus initial ayant eu lieu à leur domicile, ils n’auront aucune envie d’y revenir.

 

• Les vieux chiens

Chez certains animaux âgés, une désorientation spatio-temporelle peut apparaître, ainsi qu’une levée des inhibitions et une perte des apprentissages, ce qui favorise les fugues et complique le retour. La meilleure solution consiste à les garder à l’intérieur et à les surveiller étroitement lorsqu’ils sont dehors.

 

• Les chiens hypersensibles / hyperactifs (HSHA)

Ce sont des animaux infatigables, qui dorment très peu, et sont incapables de se contrôler, de s’arrêter de jouer, de bouger, de courir. Certains sont même obsédés par l’idée de s’enfuir, et sont souvent retrouvés loin de chez eux, épuisés, voire blessés.

L’aide d’un praticien comportementaliste est indispensable, et un traitement médical couplé à une thérapie comportementale devra être instauré pour espérer obtenir une amélioration.

 

 

Les autres moyens pour limiter les fugues

 

La fugue se définissant comme la sortie d’un territoire, il est important de matérialiser ce territoire pour que ses limites soient claires pour l’animal. Cela peut se faire par une haie, une clôture avec un portail, etc.

• Si le chien a déjà commencé à fuguer, on peut renforcer les mesures en installant une clôture suffisamment haute pour que l’animal ne saute pas par-dessus, et éventuellement un peu enterrée pour qu’il ne creuse pas afin de passer par-dessous. Si le terrain est grand, on peut prévoir un enclos où le chien sera enfermé lorsque les maîtres sont absents ou indisponibles pour le surveiller. Toutefois, cet enclos doit être assez grand, disposer d’un abri, et ne doit pas se trouver en plein soleil l’été.

• L’idéal est de pouvoir rééduquer le chien afin de stopper ce comportement fugueur. Cela passe souvent par une certaine disponibilité et patience pour inculquer au chien un nouveau mode de comportement. Un vétérinaire comportementaliste pourra apporter de précieux conseils.

Il existe des colliers par exemple (colliers électriques télécommandés) qui stoppent le chien dans son comportement. Mais il faut par exemple prévoir de placer ce collier autour du cou du chien quelques jours avant de l’utiliser pour la rééducation, afin que le chien ne l’associe pas au stimulus. De même, une fois que le chien aura compris qu’il ne doit pas fuguer, le retrait du collier se fera au moins après une semaine sans fuite.

Pour actionner le collier – à distance -  il faudra que le chien ne voie pas son propriétaire, pour que la présence du maître ne soit pas associée au stimulus négatif. Et lorsqu’il revient, il sera indispensable de lui proposer immédiatement une activité ludique, pour que « retour » ou « non-fugue » soit synonyme de caresse / jeu / compliment.

 

 

N’hésitez pas à interroger votre vétérinaire, qui saura vous conseiller ou vous orienter vers les professionnels les plus à même de vous aider à changer le comportement de votre animal. Ne tardez pas, les mauvaises habitudes sont plus difficiles à perdre !

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

15/11/2021