Image par milesz de Pixabay

 

 

La prostate peut être à l’origine de problèmes chez 80% des chiens mâles séniors (à partir de l’âge de 6/7 ans) non castrés. Comment les suspecter, puis les détecter ? Peut-on les soigner, et comment ?

 

 

 

Qu’est-ce que la prostate ?

 

La prostate est une glande génitale masculine, dont la principale fonction est de produire une partie du liquide séminal. Sa taille est déterminée par l’influence de la testostérone, hormone mâle.

Sous l’effet de l’âge ou de troubles hormonaux, cette glande composée de deux lobes peut grossir de façon anormale, entraînant divers signes cliniques.

La prostate se situe sous le rectum, en arrière de la vessie et encercle l’urètre (canal situé à la sortie de la vessie et permettant le passage de l’urine et du sperme).

 

 

Quels sont les signes d’alerte d’une hypertrophie prostatique chez le chien ?

 

L’hypertrophie prostatique consiste en une augmentation du volume de celle-ci, ce qui, compte tenu de la localisation anatomique évoquée ci-dessus, peut entraîner différents symptômes, regroupés sous le terme de syndrome prostatique ou prostatisme.

 

• Difficultés pour émettre des selles

Il s’agit du signe clinique le plus fréquent ; en effet, située sous le rectum, une prostate hypertrophiée va comprimer ce dernier, réduisant son diamètre. Les matières fécales auront donc plus de difficulté à passer, et s’y accumuleront; parfois il existe une douleur à la défécation, et les selles peuvent avoir un diamètre inférieur au diamètre habituel.

Il est donc important de surveiller son chien lors de ses sorties hygiéniques ; si l’animal tourne en rond, puis se met en position pour déféquer sans y parvenir, cela peut être un signe d’hypertrophie prostatique.

 

• Difficultés pour uriner.

Ce symptôme est moins présent que chez l’homme.

La prostate hypertrophiée comprime l’urètre, ce qui rend la miction douloureuse et plus difficile.

 

• Démarche caractéristique : l’animal semble « marcher sur des œufs »

Lorsque la douleur consécutive à l’hypertrophie prostatique est trop gênante, les chiens adoptent une démarche particulière : pattes postérieures droites, raides au niveau du genou et du jarret, avec petits pas.

 

• Autres signes (selon l’origine de l’affection prostatique)

• Fatigue, baisse de l’état général, parfois fièvre

• Présence de pus ou de sang au niveau du méat urinaire et dans les urines

• Incontinence urinaire

 

 

Comment le vétérinaire établit-il le diagnostic ?

 

Si vous avez observé un ou plusieurs des symptômes décrits plus haut, prenez rendez-vous chez votre vétérinaire, qui réalisera un examen clinique général de votre animal, et effectuera un toucher rectal (avec un doigt ganté), afin de palper la prostate du chien. Ceci lui permettra d’apprécier la taille de celle-ci, sa symétrie, sa consistance, ainsi que la présence ou non de douleur.

Si le praticien trouve que la prostate est anormale à la palpation, il pourra faire un prélèvement d’urine pour examen microscopique ; après un toucher rectal, des cellules prostatiques se retrouvent dans l’urine, et il est possible de détecter une infection ou une tumeur.

Un test sanguin ELISA CPSE (Canine Prostatic Specific arginine Esterase) est actuellement disponible, qui permet de doser une enzyme dont la concentration augmente en fonction de la taille de la prostate. Par conséquent, un niveau élevé de cette enzyme signe une très forte probabilité d’hypertrophie prostatique.

Radiographie et échographie sont des examens complémentaires intéressants, permettant de mesurer la taille de la prostate, et d’en contrôler l’homogénéité. Une échographie permet notamment de déceler abcès, kystes, zones « suspectes » ; Il est même possible de réaliser une biopsie échoguidée afin de confirmer ou pas un diagnostic de tumeur prostatique.

 

 

Quelles sont les pathologies prostatiques les plus courantes ? Quels traitements ?

 

L’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP)

Il s’agit de la pathologie prostatique la plus fréquente, qui commence souvent vers l’âge de 5 ans chez le chien mâle non castré. La multiplication du nombre de cellules prostatiques (et donc l’augmentation du volume de la glande) dépend de la testostérone, sécrétée par les testicules.

Parmi les traitements proposés lorsque l’HBP entraîne des symptômes gênants :

• Un traitement hormonal à base de comprimés contenant un anti-androgène stéroïdien, à prendre une fois par jour pendant une semaine. Même si les résultats ne sont pas constants, la réponse clinique au traitement survient en général dans les 2 semaines après le début de la prise médicamenteuse. La durée d’efficacité est d’environ 5 mois, et il n’y a pas de réduction de la qualité de reproduction.

• Un traitement hormonal anti-androgène injectable

• Un traitement chirurgical : la castration, qui représente la meilleure solution pour les chiens atteints d’HBP. En général, les signes disparaissent dans le mois qui suit l’intervention.

 

• La métaplasie squameuse de la prostate

Cette affection correspond à une augmentation du volume de la prostate, associée à des modifications de la couche de cellules qui la tapissent et forment sa paroi. On la rencontre chez des chiens qui présentent une tumeur testiculaire qui sécrète des œstrogènes (sertolinome) ou qui ont reçu un traitement à base de ces mêmes hormones. Outre les signes habituels de difficultés à faire des selles ou à uriner, on peut observer un syndrome de « féminisation » chez le chien concerné, avec perte de poils autour des organes génitaux/ventre/thorax/flancs, développement des glandes mammaires, hyperpigmentation du fourreau...

Le traitement consiste la plupart du temps en une castration chirurgicale.

 

Les kystes de la prostate

Ce sont des « boules » remplies de liquide qui se forment sur la prostate et qui sont souvent une complication de l’HBP. Le plus souvent, les kystes provoquent peu ou pas de symptômes.

Selon la taille du/des kyste(s), il peut être proposé des médicaments (cf. HBP), une aspiration du liquide contenu dans le kyste, ou une castration.

 

• Les prostatites

Une prostatite est une inflammation de la prostate, la plupart du temps d’origine infectieuse. Son évolution peut être chronique (et elle passe alors souvent inaperçue), ou plus aiguë, avec des symptômes généraux (fièvre, abattement, douleurs abdominales, anorexie, boiterie des membres postérieurs, difficultés à déféquer, sang et/ou douleur à la miction). Dans les cas les plus graves, une prostatite peut entraîner une spondylodiscite (infection du disque intervertébral et des vertèbres adjacentes), une endocardite (infection de la paroi cardiaque), une polyarthrite ou une septicémie.

Le traitement d’une prostatite est souvent long et coûteux (au moins 6 à 8 semaines d’antibiotiques et d’antiinflammatoires pour soulager la douleur), et la castration facilitera la guérison.

 

Les abcès de la prostate

Ils sont assez rares chez le chien – complications infectieuses d’une prostatite, de kystes, ou d’une HBP - mais potentiellement graves, car pouvant être à l’origine d’un choc septique.

Le traitement repose sur des antibiotiques, associés à un traitement plus spécifique de la cause.

 

• Les tumeurs de la prostate

Elles sont assez rares chez le chien, mais le plus souvent cancéreuses. La tumeur la plus fréquemment rencontrée est l’adénocarcinome.

La plupart du temps, lors du diagnostic de cette tumeur maligne, les métastases sont déjà présentes, et les traitements peu efficaces. Il sera généralement proposé des soins palliatifs et des antalgiques pour rendre la vie de l’animal plus confortable.

 

 

Pour conclure :

Les troubles prostatiques sont relativement fréquents chez les chiens mâles d’un certain âge, et de nombreux progrès ont été réalisés dans le diagnostic et le traitement.

Toutefois, la castration reste la solution la plus efficace en cas d’HBP et de métaplasie squameuse, et un excellent adjuvant dans les autres affections.

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

16/11/2020