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Vous avez remarqué que depuis quelque temps votre chien faisait «  le traîneau », et on vous a dit que les marges de l’anus lui démangeaient à cause de vers intestinaux. Il est plus probable que votre animal souffre d’un engorgement des glandes anales, dont vous ignoriez peut-être jusqu’ici l’existence.

Petit tour d’horizon de ces méconnues, et des problèmes qui peuvent les affecter.

 

 

Les glandes anales (ou plutôt « sacs anaux »)

 

Ce sont deux petites poches qui sont situées de chaque côté de l’anus, et qui sécrètent différentes substances. Les sacs anaux sont constitués par une invagination de la peau ; ils sont enfouis dans les muscles du sphincter anal, et un petit canal issu de chacun de ces sacs débouche à la jonction entre la peau et la muqueuse anale.

La paroi des sacs anaux est tapissée de glandes produisant diverses sécrétions, et est entourée de fibres musculaires lisses, ce qui peut provoquer l’expulsion du contenu en cas de contraction de ces muscles.

Les sécrétions peuvent être très variées, différer d’un chien à un autre, voire changer d’un jour à l’autre chez le même animal (par exemple chez les femelles en fonction de leur cycle). La consistance, la couleur, la composition chimique peuvent donc changer, mais l’odeur est toujours aussi nauséabonde, d’autant que des bactéries s’en mêlent pour transformer les sécrétions d’origine en dérivés qui ne sentent pas bien meilleur...

 

 

À quoi servent les sacs anaux ?

 

La principale fonction des sacs anaux est de fabriquer des phéromones qui interviennent dans la communication entre chiens. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les chiens se reniflent le derrière lorsqu’ils se rencontrent.

Les phéromones peuvent être émises de façon passive – par action mécanique lors du passage des selles dans le rectum, la pression exercée sur les sacs anaux faisant sortir une petite quantité de leur contenu – ou de façon active : le contenu des sacs est brusquement projeté à l’extérieur par contraction des fibres musculaires qui les entourent (entre 0,5 et 1,20 m !), sous l’effet du stress ou d’une grande peur.

Les phéromones fournissent des informations sur les individus qui les sécrètent :

• Identité / état physiologique : mâle / femelle, jeune / vieux, stade du cycle chez les femelles

• Statut social dans le groupe (s’il y a plusieurs chiens à dominant / dominé)

• État émotionnel : par exemple, un chien effrayé qui vide brutalement ses sacs anaux là où il se trouve envoie un message à ses congénères, qui vont comprendre que le lieu n’est pas très sûr, et qui donc feront un détour pour éviter la zone de danger.

Il est à noter que les sécrétions émises passivement lors du passage des selles lubrifient légèrement le rectum et facilitent un peu la défécation, mais là n’est pas l’essentiel de la fonction des sacs anaux.

 

Quelles sont les affections les plus fréquentes des sacs anaux ?

 

L’engorgement

Ce phénomène d’engorgement, lié à une mauvaise vidange des sacs anaux, est également appelé impaction. Il se produit de façon assez courante chez des chiens qui y sont prédisposés, essentiellement de petite et de moyenne taille, ou encore chez des chiens obèses, ou qui ne se toilettent pas.

Quelles sont les causes les plus fréquentes d’engorgement ?

• La consistance des sécrétions des sacs anaux est modifiée, souvent due à un dérèglement du tissu glandulaire qui les produit

• Un trouble dermatologique – séborrhée – augmente la quantité de ces sécrétions

• L’évacuation passive au passage des selles ne se produit pas spontanément si le transit digestif est perturbé, notamment en cas de diarrhée ; les selles sont trop molles pour exercer une pression sur les glandes et permettre leur vidange naturelle. Cela peut se produire aussi si la zone périnéale a été fortement distendue lors d’une mise-bas difficile...

• Des modifications du régime alimentaire peuvent provoquer un engorgement des glandes anales (régimes riches en fibres)

• Une infestation parasitaire peut être à l’origine de l’impaction, plus particulièrement lorsque des anneaux de Dipylidium caninum viennent obstruer les canaux des sacs anaux

 

Comment savoir si mon chien souffre d’un engorgement des glandes anales ?

Si votre chien se traîne sur les fesses en relevant les pattes arrière et en se tractant avec les pattes avant (signe du traîneau), il est hautement probable que ses sacs anaux sont engorgés et que cela le gêne. Parfois il se lèche autour de l’anus, et on peut observer une irritation locale (rougeur).

 

Que faire ?

Pour soulager votre chien, il faut l’aider à vidanger manuellement ses sacs anaux, en les comprimant : il faut appuyer fermement avec un papier absorbant de part et d’autre de l’anus (N’oubliez pas les gants !). Si vous n’avez jamais vu faire, mieux vaut aller chez le vétérinaire qui s’en chargera et vous expliquera le geste. La plupart du temps, on récupère une sécrétion granuleuse et épaisse (et nauséabonde ! il vaudra donc mieux jeter le papier absorbant dans les toilettes que dans la poubelle si on veut éviter les relents désagréables...). Sur un chien chez qui l’engorgement est assez récurrent, la vidange manuelle peut être effectuée une à deux fois par an, notamment lors d’une visite vaccinale  / de routine. Il est inutile de le faire plus souvent, au risque de provoquer une inflammation chronique.

 

Infections et abcès des glandes anales

Très souvent, une infection commence par un engorgement non traité : l’inflammation – appelée sacculite – est due à la stagnation des sécrétions épaisses, et à leur fermentation. Par la suite, des bactéries, nombreuses autour de l’anus, colonisent la glande et provoquent un abcès.

Mais parfois, les infections peuvent avoir une origine extérieure : c’est le cas des épillets notamment, qui peuvent pénétrer sous la peau.

 

Quels sont les signes ?

Un abcès entraîne souvent une douleur importante de la zone, le chien refuse de se laisser examiner, ou se défend. Ce qui parfois conduit à de la constipation, ou à des gémissements lors des défécations. Parfois, on peut observer un écoulement sanguinolent que le chien lèche.

 

Quel traitement ?

Si l’abcès ne se perce pas spontanément, le vétérinaire devra procéder à la vidange et au nettoyage de celui-ci, souvent sous anesthésie. S’ensuivra un traitement avec des antibiotiques, et des antalgiques.

Si les infections des sacs anaux sont récurrentes, le vétérinaire conseillera le retrait chirurgical, sous anesthésie générale, d’un ou des deux sacs anaux. Cela s’appelle une sacculectomie.

 

Tumeurs des glandes anales

Les glandes anales peuvent être le siège de tumeurs cancéreuses, essentiellement des adénocarcinomes. Toutefois, ces affections sont assez rares.

 

Quels symptômes ?

Le plus souvent le propriétaire (ou le vétérinaire lors d’une consultation de routine) s’aperçoit de la présence d’une masse anormale d’un côté de l’anus. Il est aussi possible que le chien se lèche, ou qu’il présente des difficultés à aller à la selle, avec parfois tendance à pousser tout le temps (ténesme). Dans certains cas, la soif peut être augmentée.

 

Que faire ?

En présence d’une masse suspecte en région anale, le vétérinaire pourra la ponctionner, pour vérifier si les cellules sont tumorales ou pas, faire une échographie des ganglions sous-lombaires (drainant la zone anale) pour voir s’ils ont grossi. Une augmentation du calcium sanguin peut venir appuyer l’hypothèse tumorale.

 

Quel traitement ?

Le retrait chirurgical de la tumeur (et des ganglions sous-lombaires s’ils sont atteints) est assez délicat, surtout si la tumeur est étendue, car il faut éviter de léser le sphincter anal, au risque de provoquer une incontinence fécale chez le chien. La chirurgie pourra être complétée par une chimiothérapie si nécessaire.

 

Même si les affections qui les touchent ne sont pas particulièrement « glamour », les sacs anaux méritent d’être surveillés. Toute suspicion d’engorgement, mais surtout d’abcès, ou plus grave, de masse tumorale, doit entraîner une consultation chez le vétérinaire

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

24/02/2020