Image par Светлана Бердник de Pixabay

Vous avez souvent entendu parler de gens de votre entourage plus ou moins proche, qui sont allergiques aux poils de chats. Mais savez-vous que les chats peuvent eux aussi présenter des allergies ? Tout comme chez l’homme, les allergies se définissent comme une réaction excessive du système immunitaire. Elles peuvent apparaître à tout moment de la vie.

L’origine des allergies est souvent inconnue, même si certains travaux de recherche permettent de penser qu’il existe peut-être une composante génétique.

Une réaction allergique se déclenche lorsque certaines substances protéiques étrangères à l’organisme, dites allergènes, entrent en contact avec le système immunitaire d’un individu. Chez certains, le système immunitaire va réagir en cherchant à éliminer les allergènes de l’organisme, selon différents mécanismes – ce pour quoi il est fait. Chez d’autres individus dits sensibles, la réaction va s’emballer et la réponse sera disproportionnée, avec des effets souvent gênants.

Pour qu’une réaction allergique apparaisse, un premier contact « sensibilisant » est nécessaire, puis des contacts ultérieurs « déclenchants ». Parfois même, les contacts déclenchants successifs provoqueront des réactions de plus en plus rapides et fortes.

 

 

Comment se manifeste la réaction allergique chez le chat ?  Qu’est-ce qui la déclenche ?

 

Les mécanismes impliqués dans les phénomènes allergiques sont multiples, en fonction des composantes du système immunitaire mises en cause. Il existe des allergies immédiates, retardées, à complexes immuns, et cytotoxiques (avec action sur les cellules).

Selon le mécanisme entrant en jeu, les réactions seront différentes, ainsi que les principaux symptômes.

Chez le chat, il est possible de distinguer 3 grandes catégories de manifestations :

• Les manifestations cutanées, dont les démangeaisons sont le signe le plus fréquent ; les allergies cutanées peuvent être localisées, ou s’étendre et se généraliser

• Les manifestations respiratoires, avec toux, éternuements, respiration sifflante, écoulement nasal et oculaire (un peu comme un rhume des foins chez l’homme, ou une crise d’asthme...)

• Les manifestations digestives, avec vomissements, diarrhée, flatulences...

 

Les allergènes incriminés dans les réactions allergiques chez les chats peuvent avoir plusieurs origines :

• Allergènes de contact (que l’on trouve dans l’environnement immédiat du chat : certains matériaux, produits de soins, ménagers...)

• Allergènes alimentaires (que l’on trouve dans la nourriture, cela peut être le cas de certaines viandes rouges par exemple...)

• Allergènes inhalés (aéro-allergènes : pollens, produits phytosanitaires, etc.)

• Allergènes provenant de parasites : c’est le cas de l’allergie aux piqûres de puces.

 

 

Comment traite-t-on un chat allergique ? Est-ce compliqué ?

 

Les allergies se traitent en général en fonction de la localisation de celles-ci.

 

Les allergies de contact

Ce sont les plus répandues. Comme les réactions sont le plus souvent observées aux points de contact avec l’allergène, cela peut en faciliter le diagnostic, comme par exemple les allergies à un collier (zone rouge, qui gratte, à l’endroit du collier), à un shampooing (peau irritée systématiquement après le soin...), à un tissu, à la litière... Mais parfois, il est difficile d’établir un rapport de cause à effet entre la substance sensibilisante et l’allergie.

Si l’allergène est clairement identifié, il faudra bien entendu éviter tout contact avec celui-ci.

 

• Les allergies alimentaires

Le chat peut devenir allergique à un aliment qu’il consomme pourtant depuis très longtemps. Le diagnostic n’est pas toujours facile à poser. Ce sera souvent une démarche par exclusion d’autres causes courantes d’allergies, notamment de celle aux piqûres de puces. Votre vétérinaire, s’il soupçonne une allergie alimentaire, va tenter d’identifier l’aliment en cause, par un régime d’éviction : le principe est de nourrir votre chat uniquement avec une alimentation hypoallergénique, soit ménagère (que vous préparerez en suivant les conseils stricts de votre vétérinaire), soit avec des aliments diététiques spécialement élaborés et fabriqués pour éviter les allergies. Il sera impératif de donner cette ration à l’exclusion de tout complément quel qu’il soit, sous peine de fausser les résultats. Si les symptômes disparaissent (souvent après plusieurs semaines), le vétérinaire peut essayer d’affiner le résultat en tentant de réintroduire les sources protéiques potentiellement allergisantes, une à la fois, afin de déterminer ce qui déclenche la réaction allergique. Ce processus peut être long, et pas toujours probant... En pratique, si l’origine est identifiée, il faudra éliminer complètement l’allergène de la ration et éviter les contaminations croisées. Si non, à défaut d’avoir trouvé l’allergène en cause, on proposera à l’animal le régime ayant permis le diagnostic d’éviction.

 

• Les allergies aux aéro-allergènes

Les aéro-allergènes présents dans l’air peuvent pénétrer dans l’organisme de votre chat soit par voie respiratoire, soit par la peau  (si votre animal présente un déficit de sa barrière cutanée, appelé atopie). Par conséquent, selon la porte d’entrée, les manifestations seront soit respiratoires, soit cutanées. De même, les symptômes pourront être saisonniers (pollens) ou permanents (acariens par exemple).

Les traitements seront variables, mais pourront faire appel à des corticoïdes, mais aussi à des shampooings (symptômes cutanés), ou encore à un traitement de fond sur la durée en cas d’atopie.

Une désensibilisation, selon le même principe que ce qui est proposé en médecine humaine, peut être tentée par le vétérinaire en cas de manifestations respiratoires. Dans un certain nombre de cas, les résultats sont très prometteurs, mais le processus est long...

 

• Les allergies aux piqûres de puces

Elles sont dues aux protéines allergisantes contenues dans la salive que les puces injectent en piquant leur hôte. Sur un animal sensibilisé, une seule piqûre peut suffire pour redéclencher tout le processus de démangeaisons, avec ensuite plaies de grattage et potentielles surinfections. Chez le chat, les démangeaisons sont surtout localisées sur la croupe et autour de la queue, et l’on retrouve souvent des petites croûtes lorsque l’on passe la main autour des oreilles, sur la tête et le cou, derrière les cuisses, avec une sensation de « sable ».

La base du traitement repose sur l’élimination des puces dans l’environnement de l’animal, en proposant également pour le chat un traitement répulsif des parasites. Toutefois, cela n’est pas toujours efficace à 100%, notamment pour des chats qui sortent et croisent des congénères remplis de puces. Le vétérinaire devra parfois avoir recours à un traitement complémentaire pour soulager le chat, et limiter les signes cliniques.

 

Les allergies se manifestant de diverses manières, et les allergènes déclencheurs n’étant pas toujours faciles à identifier, une consultation vétérinaire sera nécessaire pour poser un diagnostic de certitude et proposer ensuite une prise en charge adaptée à votre chat. Parfois, le processus est long, mais seul un partenariat confiant avec votre praticien vous permettra de soulager efficacement et durablement votre animal.

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

09/03/2020