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Une étude publiée en 2011 a montré que le cancer était la première cause de mortalité chez le chien de plus de 10 ans, et la 2e chez le chat (juste après l’insuffisance rénale). Dans certaines races de chiens (comme les Boxers, les Golden retrievers, les Bouviers Bernois...), un chien sur deux risque de mourir des suites d’un cancer. Et en France chaque année, environ 150000 chiens et chats en meurent.

 

Cette augmentation des maladies cancéreuses est vraisemblablement due à plusieurs paramètres, parmi lesquels :

 

• la forte consanguinité liée au développement de certaines races de chiens et de chats,

• l’allongement de l’espérance de vie de nos compagnons (meilleur suivi vétérinaire, existence de vaccins contre les principales maladies infectieuses, meilleure alimentation) qui favorise la multiplication des cas de cancers,

• l’impact de facteurs environnementaux (polluants, additifs, certains agents infectieux, etc...) auxquels nous sommes tous soumis...

 

Toutefois, la cancérologie vétérinaire a aussi évolué ces dernières années, et sans aller jusqu’à un acharnement thérapeutique démesuré, il est envisageable – selon les circonstances – de traiter un animal qui souffre d’un cancer. Cela va nécessiter un dialogue constant entre vétérinaire et propriétaire, et une relation de confiance, afin d’établir un projet de soin raisonnable et éthique.

 

Mais reprenons quelques fondamentaux qui permettront de réfléchir en connaissance de cause...

 

 

Un cancer : qu’est-ce que c’est ?

 

Au point de départ d’un cancer, il y a une cellule qui acquiert, sous l’effet de différents facteurs, la capacité de se diviser en échappant à tout système de contrôle habituel de l’organisme. Le cancer est donc dû à une prolifération cellulaire anormalement importante, d’abord au sein d’un tissu, puis parfois – suite à la dissémination des cellules cancéreuses – au sein d’autres organes (on parle de métastases).

 

Il existe des cancers diffus (par exemple les cancers du sang ou leucémies), et d’autres plus localisés, avec présence, dans un tissu ou un organe particulier, d’une masse ou tumeur dont le volume augmente progressivement. Toutefois, toute masse suspecte n’est pas forcément synonyme de malignité ; il existe des tumeurs bénignes...

 

 

Comment le vétérinaire suspecte-t-il un cancer ? Comment établit-on le diagnostic ?

 

Parfois, une masse apparaît sur le corps de l’animal, que l’on peut repérer facilement; parfois les symptômes sont plus frustres : une plus grande fatigabilité, un manque d’appétit, le refus de bouger, un amaigrissement...

 

Le vétérinaire va donc tout d’abord recueillir un maximum de renseignements sur les signes observés par le propriétaire, la date d’apparition de ceux-ci, etc...Il prescrira certainement un bilan sanguin, ainsi que des examens complémentaires pour affiner son diagnostic ; cela pourra être une radiographie, une échographie, un scanner, une IRM (ces deux derniers examens étant généralement pratiqués dans des cliniques spécialisées). Si tous ces examens ne permettent pas le diagnostic précis du type de cancer, ils sont néanmoins fort utiles, voire indispensables, pour avoir une vue d’ensemble de l’extension du cancer à l’ensemble de l’organisme.

 

Afin de préciser le type de cancer, et d’établir un pronostic, ainsi que, le cas échéant, un plan de traitement, une analyse histologique de la tumeur sera indispensable, soit au cours de l’ablation chirurgicale de celle-ci, soit par une biopsie ou une ponction.

 

 

Quel pronostic ? Quels traitements possibles ?

 

La cancérologie humaine a beaucoup apporté à la cancérologie vétérinaire, et l’arsenal thérapeutique du cancer pour nos animaux domestiques fait appel à trois « outils » principaux : la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, auxquels s’ajoutent désormais des thérapies ciblées ou de l’immunothérapie.

 

Mais cela ne signifie pas que l’on pourra tout traiter avec succès.

 

La première chose à faire est de discuter avec son vétérinaire afin de connaître le bilan, et le pronostic. Ce dernier ne dépend pas uniquement du type de tumeur et des cellules impliquées. Il faut voir quelle est la localisation, l’extension locale, mais aussi chercher s’il existe des métastases pulmonaires, hépatiques ou autres.

 

L’âge de l’animal, son état général (et notamment l’existence de maladies intercurrentes comme un diabète, une insuffisance cardiaque, rénale...) influenceront également le pronostic et le choix du traitement ; en effet, certains médicaments employés en chimiothérapie sont relativement toxiques et des animaux malades par ailleurs risquent de ne pouvoir les supporter. De même que chez certains, une anesthésie longue en vue d’une chirurgie ne pourra être envisagée.

 

Le vétérinaire traitant devra avoir à cœur d’exposer la notion d’espérance de vie et de courbes de survie associées aux traitements. Chaque animal étant unique, il se peut que certains patients dont les caractéristiques de cancer sont plutôt favorables ne supportent pas un traitement, ou développent une autre maladie qui viendra aggraver le pronostic. À l’inverse, certains animaux atteints de cancers avec pronostic péjoratif pourront être maintenus un certain temps avec une qualité de vie satisfaisante grâce à  l’instauration d’une chimiothérapie...

 

Enfin, il est indispensable de bien se faire expliquer les contraintes liées à un traitement anticancéreux :

 

• Risque d’hospitalisations récurrentes

• Déplacements relativement fréquents chez le vétérinaire, afin de respecter le protocole et le calendrier préétabli

• Déplacements potentiellement éloignés du domicile si la structure vétérinaire ne propose pas certains types de soins (comme la radiothérapie)

• Nécessité de surveiller les déjections pour éviter de contaminer l’environnement par des résidus d’un traitement de chimiothérapie

• Investissement financier conséquent, qu’il sera nécessaire de planifier. Parfois, les assurances – si elles existent – sont une aide précieuse à la décision

• Investissement émotionnel, avec nombreux hauts et bas : espoirs, doutes, interrogations par rapport aux effets secondaires (vomissements, perte d’appétit, chute des poils...)

 

La plupart du temps, s’il s’avère que le traitement présente de grandes chances de succès et que le propriétaire est prêt à supporter le coût émotionnel et financier de celui-ci, l’animal sera suivi par une équipe pluridisciplinaire (spécialisée en oncologie), avec néanmoins pour référent le vétérinaire traitant qui sera en première ligne pour soutenir le propriétaire, l’orienter et l’aider à prendre les décisions.

 

C’est pourtant souvent le vétérinaire référent qui sera confronté aux limites du traitement ; la relation de confiance établie avec le propriétaire lui permettra de discuter et de poser les choix afin de maintenir au maximum la qualité de vie de l’animal. Le but n’est pas de prolonger indéfiniment la vie de son compagnon, mais de faire en sorte que sa fin de vie soit la moins douloureuse et la plus paisible possible. Tout est question d’équilibre, et celui-ci peut sans cesse être remis en question au cours d’un traitement anticancéreux...

 

NB : Les médecines alternatives peuvent – comme chez les humains – être envisagées lors de la prise en charge des animaux cancéreux. Il peut s’agir d’acupuncture, d’ostéopathie, de phytothérapie, d’homéopathie, que l’on peut utiliser en complément des traitements conventionnels de chimio- et radiothérapie (mais n’oubliez pas d’en parler à votre praticien, afin d’éviter toute interaction négative entre les différents traitements !). Lorsque les traitements conventionnels doivent être abandonnés, les thérapies alternatives peuvent parfois être proposées en soins palliatifs, associées à des antidouleurs par exemple.

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

04/05/2020